Festival Que du feu 2024 encart

TORO

Un film de Kike Maillo

Un engrenage qui sent le déjà vu

Un mafieux du sud de l'Espagne apprend par une voyante qu'un homme qui le considère comme un père va, un jour, le tuer. Peu de temps après, l'un de ses seconds, surnommé Toro, décide d'arrêter de travailler pour lui. Ce dernier, poursuivi par la police lors d'un coup, finit en prison, alors qu'un de ses deux frères est abattu. Quelques années plus tard, alors qu'il est sur le point d'obtenir un allègement de peine, son autre frère voit sa fille enlevée pour une histoire de dettes...

Quoi de neuf dans ce film allemand filmé dans un noir et blanc impeccable dans les bas fonds d'un Berlin où règne prostitution, immigration et loi du plus fort ? Pas grand chose en fait. "Toro" est un nouveau récit sur l'affirmation de soi et le désir d'une vie meilleure, déguisé en histoire d'amitié-amour contrarié entre deux hommes. Mais non content d'exposer le rejet physique de Toro pour celui qu'il prend sous son aile, le scénario nous ressert une enième suspicion d'homosexualité refoulée, comme si deux hommes qui font du sport ensemble devaient forcément être attirés l'un par l'autre.

Développant à peine ses personnages, le film tente de mettre en avant l'espoir d'un retour dans une Pologne fantasmée, au travers d'une sombre histoire d'argent et de vol. Mais le réalisateur, non content de mettre en valeur sa photo soignée, multiplie les effets (la crise sous l'eau avec volume assourdi, l'entrée dans l'appartement au ralenti...). Et s'il réussit à faire passer un peu de l'urgence à vivre et ressentir quelque chose, qui passe ici par la violence des rapports sexuels (avec les clients pour Toro, fantasmés pour la soeur...), il ne parvient jamais à rendre attachant ses personnages. Désespéré et malheureusement un peu désespérant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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