DIEU, MA MÈRE ET MOI
Portrait sensible et léger d’un anti-conformiste
Gonzalo est au point mort. À trop réfléchir ou pas assez, il échoue une nouvelle fois à ses examens de philosophie. Alors, pour tenter de trouver un sens à sa vie du moment, il décide d’apostasier. Pour ceux qui, comme moi avant de voir le film, ne connaissaient pas ce mot, sachez qu’une apostasie est l’acte d’abandonner volontairement et officiellement une religion. Gonzalo était un bébé quand il a été baptisé, à présent il ne veut plus que ce lien avec l’église existe et demande à ce que son nom ne figure plus dans les registres cléricaux pour ne plus compter dans les statistiques.
Loin d’être un revendicateur acharné, Gonzalo est surtout un doux rêveur. Son désir de se détacher de tout ordre religieux est avant tout prétexte à une quête presque romanesque, qui l’élèverait au-delà de son simple statut de fils à sa maman, d’amant éperdu de sa cousine et de grand frère rêvé pour son jeune voisin à qui il donne des cours du soir. Éternel poète aux chemises trop grandes et pantalons de velours élimé, Gonzalo flâne dans sa vie comme dans un livre d’image où la moindre émotion le transporte dans de grandes envolées lyriques exaltées par une musique grandiloquente.
Ce personnage charmant existe, il se nomme Álvaro Ogalla et interprète lui-même son rôle. C’est sa propre tentative d’apostasie qui a donné l’idée à son ami Federico Veiroj d’en faire un film et c’est une jolie réussite. En effet, « Dieu, ma mère et moi » se laisse totalement porter par la fraîcheur de son personnage. Épicurien de nature, Gonzalo/Álvaro s’impose des contraintes candides pour se donner l’illusion d’avancer. Inspiré et volubile, il développe cette ambition au travers d’une attachante divagation introspective. Un numéro de séduction involontaire qui fait mouche, puisque sans y prendre garde, nous voilà agréablement conquis par ce film qui comme son sujet ne ressemble à aucun autre.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur