THIRST, CECI EST MON SANG
Le goût des autres
Un prête se retrouve confronté à d’étranges pulsions après avoir passé une série de tests en Afrique censés aider à la recherche d’un vaccin contre une terrible maladie infectieuse. A son retour, il n’est plus le même homme. Ses sens s’en retrouvent décuplés, ses désirs envers les femmes croissent et l’odeur du sang empeste tout autour de lui… L’impensable semble lui être arrivé. Le prêtre se confie alors à son chef de paroisse…
Les films de vampires ne passeront jamais de mode. Le cinéma ne se lassera pas de puiser dans l'univers éternel des suceurs de sang. "Dracula" de Francis Ford Copolla, "Entretien avec un vampire" de Neil Jordan resteront comme des films d'anthologie tandis que plus récemment "30 jours de nuits" faisait son effet auprès des amateurs du genre et "Twilight" séduisait le jeune public dans une adaptation libre et adolescente de l'univers des vampires.
D'adaptation libre il est également question dans "Thirst, ceci est mon corps" du coréen Park Chan-wook, film présenté en sélection officielle de Cannes 2009 et librement inspiré du roman "Thérèse Raquin" d'Emile Zola. Dans cette version comptemporaine, un prêtre subit une transformation inquiétante en contractant une maladie qui devait, à l'origine, aider la science dans sa quête d'un vaccin. Face à cette maladie, le prêtre se voit obliger de boire du sang pour échapper à une mort violente par hémorragie.
La transformation en vampire est alors en marche. Ainsi, le prêtre aura de plus en plus le goût du sang, sa force et son agilité se verront décuplées, ses sens développés et sa sexualité exacerbée. En revanche ici, point de canines accérées, ni d'ail et de croix pour le contrer... Le film de Park Chan-wook se positionne d'emblée comme une comédie dramatique tirant sur l'horreur. Le prêtre qui conseille ses brebis d'aller voir un psy est, dès le début du film, irrésistible, et la famille qui l'accueille avec la belle-mère accariâtre, le fils looser et la fille adoptive frustrée est digne d'une galerie de portraits de Wes Anderson ! Les situations de comédie, ensuite, servent idéalement la thématique du film de vampires comme quand le prêtre isole un malade dans le coma pour disposer du sang dont il a besoin sans être obligé de faire un massacre chaque soir !
Dans le rôle du vampire : Song Kang-ho, qui semble prendre un malin plaisir à explorer les films de genre. L'an dernier, il était à l'affiche du western corréen "Le bon, la brute et le cinglé" tandis qu'auparavant il était poursuivi par le monstre aquatique de "The host". Avec sa partenaire féminine, la sulfureuse Kim Ok-Vin, ils mettent toute la fougue nécessaire pour assurer le spectacle de bout en bout du film, malgré un léger creux à mi-parcours. Coup de mou qu'on oublie rapidement grâce à une dernière partie endiablée faite de mises à mort aussi gores que jubilatoires.
Les répliques enfin sont croustillantes, à l'image de celles de la scène du jeu en famille, le mah jong. Lorsque le prête remporte brillamment une partie, on cherche à comprendre : "Mais où est-ce qu'il a fait son séminaire ? A Macao ?!" Park Chan-wook ("Old boy") a encore frappé fort. Il va régaler ses fans. De cela, il n'y a aucun doute.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur