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J'AI RENCONTRÉ LE DIABLE

Un film de Kim Jee-woon

Sympathy for Mr devil

Un agent secret coréen va traquer sans relâche le serial killer qui a tué sa fiancée. Sa vengeance sera d’une violence sans limite…

Véritable berceau du cinéma de genre de qualité depuis maintenant 10 ans, le cinéma coréen possède une force de plus en plus importante et arrive encore à se remettre en question et à surprendre tout en restant fidèle à ses origines. Que ce soit chez Park Chan-Wook (« Old Boy »), Bong Joon-Ho (« Mother ») ou encore Na Hong-Jin (« The Chaser »), le spectacle est toujours au rendez vous tout en proposant des œuvres sans concession, sans formatage, de grande intelligence et d’une cinématographie toujours maitrisée et en constante évolution. Ici, avec « J’ai rencontré le diable » (I saw the devil), Kim Jee-Woon, déjà responsable des excellents « Deux Sœurs » et « A Bittersweet Life » arrive encore à révolutionner un genre (ici, le film de vengeance) et ce en donnant une description de la Corée totalement inédite.

Si son précédent métrage, « Le bon, la brute et le cinglé » se déroulait dans un far West déjanté et foutraque, avec « J’ai rencontré le diable » c’est la folie destructrice de l’ouest qui est transposée chez lui. Car ici, la Corée (mais aux vues des évènements récents, l’Histoire pourrait malheureusement se dérouler dans n’importe quel pays du monde) est le théâtre de toutes le folies les plus sombres dont l’homme peut être capable. La brutalité sans limite de l’ouest est donc bien présente, toute comme son absence de justice efficace autre que celle du talion. Cette violence, cette brutalité alarmante, ce diable sont ici présents chez des personnages pourtant anodins. Kyungchul (Choi Min-sik) est un simple conducteur de mini-bus scolaire, et les autres malades qu’il croisera sur son chemin (à croire que tout le pays est comme cela) sont également des gens ordinaires en apparence. Seul Soohyun (Lee Byun-ghun), devenu vigilante après le massacre de sa fiancée possède une origine plus expérimentée avec la mort (il est agent secret) et est tout aussi violent que les autres. La violence est son métier, pour les autres, c’est leur passion.

Bien que l’on ai déjà vu ce genre d’histoire au cinéma (on peut penser à la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook ou dans un tout autre style à « Taken » de Pierre Morel), le traitement et le parti pris de Kim Jee-woon est des plus pertinent et des plus efficaces. Soohyun ne reculera devant rien ni personne pour se venger de Kyungchul et s’enfoncera peu à peu lui aussi dans la sauvagerie extrême. Torturant ce monstre sans relâche, Soohyun fera payer très cher le prix du sang et Kim Jee-woon arrivera, par sa maitrise cinématographique, à nous surprendre, nous laissant nous interroger qui est véritablement le diable du récit.

Choi Min-sik (l’un des meilleurs acteurs du monde, sans hésitation) aime décidément interpréter des personnages complètement dingues, masochistes et d’une cruauté sans limite. A ses côtés, Lee Byun-hun, autre grande star coréenne casse un peu plus son image de beau gosse en devenant le bras vengeur s’abattant sur les monstres qui peuplent nos rues. « J’ai rencontré le diable » n’épargne donc personne et ne vous laissera pas indemne. Une chose est certaine, on n’a pas encore fini d’entendre parler de Kim Jee-woon.

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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