Festival Que du feu 2024 encart

PREDICTIONS

Un film de Alex Proyas

Le combat de la Science face à la Religion

1959, Massachusetts. Lors de l'inauguration d'une école, les élèves enferment dans une capsule temporelle leurs visions du futur. Lucinda, qui semble quelque peu perturbée, dépose une lettre sur laquelle elle écrit machinalement une suite incompréhensible de chiffres... 50 ans plus tard, c'est le jeune Caleb qui récupère cette étrange lettre. A sa lecture, d'étranges chuchotements viendront jusqu'à ses oreilles et d'inquiétants hommes vêtus de noir tourneront autour de lui. Son père est alors pris de deux missions : protéger son fils et sauver l'humanité toute entière, les chiffres annonçant les plus grandes catastrophes depuis 50 ans, dont trois à venir très prochainement...

Quelle lecture ferez-vous de ce "Prédictions" d'Alex Proyas ("Dark city", "I, Robot") ? Une intrigue de sciences-fiction ou un épisode de sciences-religion ?

Prenez Nicolas Cage, un scientifique, veuf et père d’un jeune garçon. Un homme que le deuil de sa femme a retranché dans l’alcool. Quand cet homme tombe sur une lettre griffonnée d’une centaine de chiffres vieux de plus de cinquante ans, il ne peut s’empêcher de les étudier pour y trouver une logique implacable : il s’agissait d’un message d’avertissement, les chiffres reprenant exactement les dates clés des plus grandes catastrophes survenues durant les cinquante dernières années dont les fameux événements du 11-septembre. Comment expliquer cela ? Le scientifique cherchera à comprendre les causes et à trouver des solutions face aux trois nouveaux drames annoncés dans la missive prophétique…

Prenez maintenant le même Nicolas Cage, un fils de pasteur, qui a pris la voie de la raison et des sciences. Un homme qui depuis qu’il a perdu sa femme dans un terrible accident ne croit vraiment plus en un quelconque Dieu ou entité divine, préférant croire au hasard de la vie, hasard qui pour lui est la cause de tout ce qui nous entoure : notre monde, la joie et la souffrance. Comment cet homme va réagir au contact d’une lettre griffonnée de chiffres ayant annoncés les plus terribles catastrophes de notre temps et annonçant prochainement l’Apocalypse ? Notre homme de Sciences aura beau raisonner, tout le ramènera finalement à Lui ! Alors, à nouveau reconverti à la foi, il rejoindra son pasteur de père dans une dernière union, un dernier grand pardon, quand dehors sonnera le glas pour l’humanité toute entière. Vraiment toute entière ? Bien sûr que non, de rares élus seront rattrapés par les anges, sauvés et envoyés dans un Eden où tout doit recommencer à zéro, un nouveau départ pour une nouvelle vie.

Deux visions pour un film qui saute du scientifico-dramatique au mystico-religieux. D’un côté, Alex Proyas réalise un film visuellement époustouflant, musicalement tendu, dont l’intrigue primaire et réchauffée trouve quand même des rebondissements haletants et des scènes de catastrophes jouissives. De l’autre, on assiste à un film-tract pollué de propagande avec des sous-entendus religieux qui pullulent à foison et guident notre raison sur un chemin de croix balisé par des petits galets noirs qui, comme le Petit Poucet en son temps, nous conduisent inexorablement à Leur vérité : celle (des producteurs et scénaristes ?) qui est ailleurs… Entre pensées des témoins de Jéhovah, paroles des Créationnistes et visions de la Scientologie, le spectateur est un peu perdu et se sent oppressé d’images et de discours divins qu'on lui mâche pour mieux les lui faire ingérer.

Le dernier en date (?!) remontait à 2000 lorsque John « le scientologue » Travolta avait sorti sur les écrans son bide planétaire « Terre, champ de bataille », propagande autoproclamée du mouvement scientologue. Neuf ans plus tard, on en tient un deuxième beau morceau, moins risible, plus efficace… et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire