SHE'S THE MAN
Le genre, on s’en foot !
Après la décision de fermer la section féminine de football dans laquelle elle pratiquait ce sport avec passion et ambition, Viola profite de l’absence de son frère jumeau Sebastian pour se faire passer pour lui et intégrer l’équipe masculine des « Illyria Boys »…
L’œuvre de Shakespeare a déjà été transposée de façon libre dans une époque contemporaine – citons le "Roméo + Juliette" de Baz Luhrmann, "West Side Story" ou encore "10 bonnes raisons de te larguer". Le scénario de "She’s the Man" s’inspire pour sa part de "La Nuit des rois" et le croise avec la thématique du football, avec la volonté d’utiliser le travestissement pour aborder l’égalité entre femmes et hommes.
La première partie est très poussive, aussi fade qu’une série pour ados des années 90, tant pour la mise en scène que pour l’interprétation. Le principal problème réside dans une tonalité mi-figue mi-raisin. Il aurait fallu soit accentuer la caricature pour faire une comédie plus délibérément potache, soit faire en sorte que les situations soient plus crédibles (un peu sur le modèle de "Madame Doubtfire" par exemple).
Heureusement, le film gagne en rythme et en inventivité quand les quiproquos commencent à s’enchaîner, notamment à partir de la scène de fête foraine, avec notamment un sympathique clin d’œil à Superman lorsque Viola se change. Le discours est également plus affirmé et, malgré une certaine balourdise, le film délivre un message progressiste, critiquant explicitement les discours stéréotypés qui affirment que le foot n’est pas fait pour les filles ou qu’il est honteux pour un garçon d’exprimer des émotions. Bien que bancal, le jeu en valait peut-être la chandelle.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur