THE MAJOR
Le pouvoir de corruption
Prendre une vie pour assister à la naissance d’une autre, même accidentellement, est un terrible poids sur la conscience d’un homme. Pourtant, devant l’irréparable, Sergey ne vacille pas et cherche avant tout à sauver sa peau. Commandant de police, il profite de son autorité pour se disculper en accusant la mère de négligence grâce à la complicité de ses collègues. Cet acte odieux, il va très vite le regretter. Malheureusement, la machine est en marche et Sergey se voit alors aspiré dans une spirale infernale, où il veut mieux sacrifier une famille plutôt que discréditer la police locale.
Au travers de ce drame humain, imprévisible et fatal, "The Major" brosse un portrait au vitriol d’une police gangrenée par la corruption. Dégradée par un régime qui l’asphyxie, elle est aussi délabrée que les locaux insalubres dans lesquels elle exerce. Proche de la milice, elle terrorise plus qu’elle ne protège et est prête à tout pour ne pas perdre la face. Alors quand un grain de sable vient enrayer le système, le peu d’humanité de chacun laisse place aux plus bas instincts que génère le phénomène de bande.
Film coup de poing, "The Major" prend aux tripes dès les premières secondes par une mise en scène agressive et glaçante. Caméra à l’épaule, Yuri Bykov (qui est également acteur du film) expose l’extrême cruauté qui habite ses protagonistes. Dans ce no man’s land blanc et sinistre, chacun semble survivre, oublié de tous, comme une meute de bêtes sauvages soumise à la loi du plus fort. Construit comme un thriller, "The Major" ne se contente pas de montrer la traque d’un homme par pur esprit psychopathe, mais ancre son propos dans une réalité qui fait froid dans le dos. Terrifiant !
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur