LE MONDE DE NATHAN
Et si l’amour pouvait se résumer par une équation ?
Fort d’une longue expérience dans le documentaire, Morgan Matthews avait depuis longtemps la volonté de raconter le parcours d’un jeune autiste. C’est désormais chose faite avec "Le Monde de Nathan" où un adolescent va essayer de se sociabiliser à travers ses capacités exceptionnelles en mathématiques. Incapable d’exprimer le moindre sentiment ou d’effectuer un quelconque geste d’affection, le garçon ne semble s’épanouir uniquement lorsqu’il résout des équations incompréhensibles du commun des mortels et se plonge dans cet univers où le hasard n’existe pas et où le rationnel est roi. Mais son inscription pour les Olympiades des mathématiques, sorte de Jeux Olympiques pour les cérébraux, pourrait bousculer considérablement ses croyances et son existence.
Feel good movie par excellence, divertissant et amusant, le métrage vaut avant tout pour la prestation d’Asa Butterfield (dont beaucoup de bookmakers le voient très bien placé pour être le nouveau Spiderman), dont les silences et les regards perdus sont bien plus éloquents que de longues tirades. Tout en retenue, il parvient à donner un mélange de brutalité et de douceur à son personnage, le gratifiant d’une personnalité emplie de contradictions, permettant d’amener le film sur des pistes inattendues. Car l’univers dans lequel évolue le protagoniste est au contraire ultra-codifié. Recourant aux flash-back mielleux et à un accompagnement musical assourdissant, le cinéaste se perd quelque peu dans son propos, recherchant l’émotion dans des artifices alors que le film n’est jamais aussi poignant que lorsqu’il s’inscrit dans la sobriété.
Cabotinant et titubant, le film alterne les séquences trop appuyées avec des moments plus authentiques et sensibles, portés par le souci de réalisme du réalisateur. En particulier, "Le Monde de Nathan" trouve le bon rythme dans ces scènes toutes simples de conversation entre une mère rejetée et épuisée et un fils qui ne comprend pas le mal qu’il peut faire. Dans ce pot-pourri cinématographique, il appartiendra ainsi aux spectateurs de ne retenir que le meilleur, d'écarter les niaiseries et les lourdeurs pour se focaliser sur l’essentiel : une histoire d’amour et de deuil. Si les défauts sont évidents, réussir à intéresser durant presque deux heures avec des problèmes mathématiques relevait presque de la mission impossible. Pourtant, Morgan Matthews a réussi.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur