DELIRIOUS
Célébrité au naturel
Par le plus pur des hasards, un sdf est recueilli par un photographe professionnel plutôt proche du paparazzi. Ce dernier en fait son assistant non rémunéré, en l’échange du clos et du couvert…
Tom Di Cillo (« Ca tourne à Manhattan », « Une vraie blonde ») aime aborder le star system, ses dérives, comme celles de ses admirateurs. Avec « Delirious » il signe, après 6 ans d’absence, une sorte de conte de fées moderne, où Cendrillon est un garçon, qu’on soupçonne forcément en permanence d’être... homo. Montrant d’un côté la fragilité des stars, prisonnières d’une intimité forcée, il se concentre surtout sur les rapports troubles des spectateurs (et des photographes) avec ces icônes inaccessibles qui font tant rêver.
Le paparazzi frustré, se méprisant lui-même, autant qu’il porte aux nues Elvis Costello (qui joue son propre rôle dans le film), c’est Steve Buscemi. Grimaçant et sournois malgré lui, il ne perçoit plus les limites de la décence tant il vit en marge d’un star system dont il dépend finalement. Mais Di Cillo épingle à travers lui les dérives des médias et donc de l’œil du public, qui montraient jadis le glamour, se contentant aujourd’hui de piéger des vedettes à la sortie d’une douloureuse opération esthétique du pénis !
Léger, parfois magique, « Delirious » doit autant aux ambiances créées par son auteur, qu’à ses interprètes. Michael Pitt, loin de ses rôles trash habituels, incarne la pureté rayonnante, tandis que Alison Lohman (« Les associés », « Big fish ») elle est la star fragile et un peu perdue de par sa jeunesse et l’attention permanente et à la limite du supportable dont elle est le sujet de la part de son agent et son attaché de presse. Une plongée surréaliste mais pas si fausse sur le fond dans une jungle médiatique et cinématographique, plutôt éclairée.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur