JANE GOT A GUN
Un western honorable mais sans enjeu
Au vue de la bande-annonce, on pouvait vraiment s’attendre à un film épique avec un personnage féminin sauvage et dangereux, un Jesse James à talon en somme. Toutefois l’histoire de Jane en fait davantage une victime obligée d’appeler à la rescousse un nouveau protecteur masculin puisque son mari est à l’article de la mort. Il y a un énorme fossé entre la manière dont on perçoit Jane au tout début du film et la manière dont évolue le personnage.
Malgré ce problème d'identité, le film est plutôt agréable à suivre. L’imagerie est tout à fait conforme aux attentes, les costumes sont très réussis et les décors grandioses sont mis en valeur par une belle photographie. Les fusillades, l’alcool et les explosions sont là… Bref, on a affaire à un western tout à fait honorable d’un point de vue formel. Mais on se rend vite compte que mis à part les chapeaux et les punchlines lancées le Colt à la main, "Jane got a gun" ne raconte pas grand-chose. Oh ! il y a bien une intrigue avec un triangle amoureux entre Natalie Portman, Joel Edgerton et Noah Emmerich, mais tout ça manque d’enjeu et de puissance.
Cela ne vient pas des acteurs puisque, comme vous l’aurez sans doute remarqué, le casting est plutôt alléchant. Seul Ewan McGregor sonne un peu faux dans son rôle de grand méchant alors que Boyd Holvrook, qui interprète l’autre frère Bishop, est plutôt convaincant. Le problème vient plutôt de l’écriture. Il y a une sorte d’étrange demi-mesure chez John Bishop, interprété par McGregor. Ce trait de caractère ne colle pas du tout au personnage et le rend difficilement crédible. C’est un peu la même chose avec Bill Hammond, interprété par Noah Emmerich. Cet homme, semble-t-il fou amoureux de sa Jane, reste beaucoup trop calme face à l’ex de sa femme venu joué les héros (ça vient sans doute des huit balles qu’il a reçues dans le dos !). Hormis une scène entre son épouse et lui, jamais Hammond ne semble perturbé par l’arrivée de ce protagoniste auquel sa femme était fiancée il y a encore peu de temps.
Finalement, c’est un problème global de psychologie des personnages et de découpage qui font perdre au film une bonne partie de sa puissance. Un problème d’écriture qui n’est pas rattrapé par la mise en scène de Gavin O'Connor qui, bien que propre et maîtrisée, manque cruellement d’originalité. Si on passe un bon moment devant "Jane got a gun", on ne peut pas dire que le film marque ce début d’année 2016. Ce western honorable peine à apporter cette petite touche de folie et d’originalité, qui l'aurait transformé en « vrai bon film ».
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur