DESHORA
Un loup dans la bergerie
Situé dans une grande propriété, entre élevage de chevaux et culture des champs de tabac, ce drame psychologique argentin s’ancre quelque part entre beauté tranquille des paysages, avec petit lac et ponton au cœur de l’été, et dureté d’un monde masculin, avec ses nombreux rituels, tels que la chasse ou les combats de coq (symbole ici du futur affrontement entre les deux mâles de l’histoire...).
Sans forcer le pas, la réalisatrice décrit le trouble qui s’immisce au sein du couple, avec l’arrivée du vigoureux jeune homme. Sa présence auprès de la femme, les gestes d’évitement entre les deux hommes, font progressivement se dessiner un triangle amoureux plutôt malsain. Une situation vénéneuse, d’autant que se mêle à cela la tristesse apparente des relations sexuelles d’un couple en bout de course, et le fantôme du bébé qu’ils n arrivent pas à avoir.
Bárbara Sarasola-Day installe avec brio une ambiance moite et estivale, et utilise à merveille les sombres recoins d’une grande maison, décrivant le jeune homme à la manière d’une ombre mouvante qui influence les deux autres personnages. Elle compose avec les regards et s’adonne à un jeu de miroirs, reflet de désirs et de pulsions enfouis depuis trop longtemps. Abordant de manière détournée différents enjeux, tels que le fait d’assumer sa sexualité, la capacité à accepter le regard des autres ou le désir de vouloir détruire l’objet de la tentation, le scénario n’évite pas certains clichés sur le voyeurisme et la culpabilité, tout en usant à bon escient de la notion d’initiation (le mari emmène le jeune homme au bordel, histoire de partager certaines pulsions par des intermédiaires...) et de la symbolique du sang (et notamment des menstruations).
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur