SISTERS, SOEURS DE SANG
L’ombre d’un géant
Après son remarqué « Family Portraits », Douglas Buck s’attaque au remake du « Sisters » de Brian De Palma. Film symptomatique du style de son auteur, l’original faisait la part belle aux split-screens, à la notion de regard et d’identité. Son remake en reprend la trame principale dans les grandes largeurs, pour un résultat très contestable. En s’affranchissant du style composite de De Palma, en faisant le choix d’une prétendue sobriété là où l’original expérimentait en jouant notamment sur les points de vue, Buck s’installe dans un système de mise en scène en contradiction avec les enjeux du scénario.
La question de l’identité, centrale chez De Palma, se retrouve ici grossièrement évoquée. Buck construit son film sur le hors-champ, se bornant à contrôler ce qui est vu ou non, là où l’important est de savoir qui voit et pourquoi. On se retrouve avec un métrage plan-plan et désincarné, avec en premier lieu une interprétation invariablement fade. Le renoncement à mettre en scène de front les questions identitaires provoque son lot d’invraisemblances : lorsque les flics fouillent une potentielle scène de crime, la situation devient rapidement inepte.
D’autant que le spectateur reçoit beaucoup plus d’informations que les personnages, si bien que les rebondissements surviennent sans le moindre impact et inhibent l’éventuelle identification du spectateur. Ce marasme filmique, mal foutu et ennuyeux, vire au grotesque lors d’un final digne d’un mauvais giallo, où la sobriété se mue en horreur bien Z. Ce Sisters est donc un ratage intégral. N’est pas De Palma qui veut.
Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur