DEEPSEA CHALLENGE 3D
Son "Abyss" à lui
James Cameron le dit lui-même au début du film, dont il assure une partie de la voix-off, tout en étant souvent à la fois à l'image : il a été élevé dans les années 60, avec la conquête de l'espace et les séries de documentaires télévisés du Commandant Cousteau, et cela est certainement à l'origine de sa vocation d'explorateur. Car après avoir conté les découvertes d'une équipe plongeant plus profondément que personne avec "Abyss" (1989), le réalisateur d'origine canadienne se propose ici de réaliser cet exploit pour de vrai, en plongeon à bord d'un sous-marin à quelques 11 kilomètres sous la mer.
Habitué des innovations, qu'il a développées avec sa société pour ses nombreuses plongées exploratoires sur l'épave du Titanic (dont certaines en 2001 ont fait l'objet du documentaire "Les Fantômes du Titanic"), James Cameron a mis au point avec son équipe des ROV (remotly operated vehicles) miniatures, ainsi que des systèmes de caméras et d'éclairage pour filmer en eaux profondes. Il aura fallu au total 7 ans pour mettre au point le sous-marin vertical (comme un hippocampe) à la structure légère que l'on voit dans le film, permettant d'accueillir un unique passager, et pour ainsi réussir la première plongée dans des profondeurs inconnues.
C'est cette aventure dans ce qu'on peut qualifier de dernière « Frontier » (au sens américain lié à la conquête de l'Ouest), que nous compte "DeepSea Challenge", documentaire inspiré, présentant à la fois détails scientifiques, méthodes de travail très directives, et euphorie de la réussite, à l'aide d'images rares, d'une clarté incroyable. Belle ode à l’esprit aventurier, le film raconte dans le détail ce projet fou, de la conception du sous-marin, le Deepsea Challenger, à la découverte du fond sablonneux, en passant par les difficultés météo et les essais en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Portrait indirect d'un passionné, le film utilise à la fois des interviews face caméra, des reconstitutions de l'enfance du cinéaste (pour illustrer ses propos sur la création d'un sous-marin en carton, par exemple), pour rendre dynamique les récits les plus personnels. Quant à la prouesse technique, elle passe à la fois par un effort pédagogique que permettent des simulations 3D (pour la maquette du submersible) ou la présentation de réunions de travail parfois houleuses, ainsi que par le détail de constructions à enjeux (la fameuse sphère et les essais incendies...) et la dramatisation de la mise à l'eau par mer agitée.
Au final, Cameron apparaît comme un bourreau de travail, aussi exigeant que méticuleux, en permanence en première ligne. La photographie en 3D rend très bien la sensation de danger autour de la stabilité des installations lors de chaque plongée, et lors des essais avec la présentation de nombreuses espèces exotiques. Certains seront peut-être déçus lorsqu’il s’agit de l’exploration finale, le peu de relief n’aidant pas, mais la beauté picturale est tout de même impressionnante.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur