LA FEMME AU TABLEAU
Une grande histoire traitée superficiellement pour un résultat anecdotique
Simon Curtis aime définitivement les films d’époque et les femmes au parcours hors du commun. Après s’être intéressé au mythe de Marilyn Monroe dans "My week with Marilyn", il s’intéresse cette fois-ci à la saga judiciaire entourant Maria Altmann. C’est en regardant un documentaire sur Gustav Klimt que le cinéaste a découvert l’histoire de cette femme dont le portrait de sa tante, immortalisé par l’illustre peintre, avait été dérobé par les Nazis au moment de l’occupation de l’Autriche. Sauf que cette femme s’était lancée dans un parcours du combattant juridique pour récupérer le tableau alors exposé dans un célèbre musée viennois.
Malheureusement, au lieu de nous plonger dans les entrailles de ce procès, le cinéaste a préféré alterner les débats des audiences avec des flash-back sirupeux. Avec leur ton désaturé et leur esthétique faussement vintage, ces retours en arrière frisent le ridicule, n’apportant aucun intérêt au récit et ayant comme seule justification une pseudo velléité lyrique. Et c’est bien dommage que le réalisateur ait décidé de sortir la grosse artillerie de clichés et de musique classique, parce que la partie sur le procès est particulièrement intéressante et aurait ainsi mérité un meilleur traitement. En effet, il y avait des ingrédients éminemment romanesques dans le destin de cet avocat hanté par ses origines et obsédé par une affaire bien trop grosse pour lui seul. En insistant plus sur les conséquences sur sa vie de famille et sur les sacrifices effectués, le film aurait pu s’emparer d’une dimension humaine qui manque cruellement.
Mécanique et sans âme, "La Femme au tableau" se fourvoie dans une quête de l’émotion. Ne parvenant jamais à esquisser les contours des relations entre les protagonistes (notamment le personnage de Daniel Brühl totalement sous-exploité), le métrage ne réussit pas à trouver son équilibre, son rythme et le ton juste pour raconter à la fois le procès et les hommes derrière celui-ci. Et c’est bien dommage, parce que cette affaire rentrée dans la postérité sous l’appellation du cas Republic of Austria v. Altmann méritait une véritable réflexion sur le rôle de l’Art et sur la position que doit adopter les juges dans de telles situations. La justice ne devrait-elle pas s’effacer par moment pour permettre aux œuvres d’art d’être vues par le plus grand nombre ? À méditer !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur