THE ACTIVIST
Très mal interprété…
Ce premier long-métrage autofinancé part de l'insurrection de plus de deux cent amérindiens affiliés à l'AIM (American Indian Movement) qui prirent d'assaut la réserve de Pine Ridge à Wounded Knee, qui a eu lieu en 1973, afin de protester contre la dépossession des terres des indiens organisée par Nixon et son gouvernement. Les protagonistes, eux, sont fictifs. Marvin est un adopté de la communauté depuis son union avec Anna, une amérindienne native qui a perdu la vie dans un mystérieux accident de voiture. Bud, le frère d'Anna, et Marvin ont participé à l'insurrection des amérindiens à Wounded Knee et se sont fait arrêtés par deux policiers locaux qui les mettent sous les verrous en attendant les instructions venant de plus haut. Car Marvin n'est pas un activiste lambda. Il est éminent avocat au barreau et son incarcération fait couler de l'encre. Il est de plus persuadé que l'accident de voiture de sa femme n'a rien de fortuit. Enfermé dans sa cellule et nostalgique de sa défunte bien-aimée, Marvin va patiemment attendre que son avocate et un sénateur ne fassent de pieds et des mains à l'extérieur pour exiger sa libération et découvrir que sa thèse du meurtre de sa femme déguisé en accident n'était pas forcément fausse…
Cyril Morin tente un premier essai à la réalisation, après avoir composé les bandes originales de nombreux films, dont "Samsara", et quelques séries Canal comme "Borgia" ou "Mafiosa". Même si l'intention de vouloir faire un film percutant et instructif à travers ce matériau de base est perceptible, force et de constater que certaines tares profondément ancrées dans l’interprétation, et un manque de rythme pesant, empêchent le spectateur de vraiment prendre part aux enjeux du récit. Cyril Morin s'enferme dans la prison de la petite ville du Dakota du Sud, voulant ainsi créer un huis-clos pesant, mais ce ne sont malheureusement pas les multiples interventions de personnages secondaires insipides et les fréquentes humiliations perpétrés par l'un des deux geôliers qui parviennent à faire monter la tension. Les interprétations largement appuyées de Ron Roggé en cliché du flic beauf et raciste et d'Anthony Palermo en négociateur hypocrite en font des tonnes pour paraitre les plus méchants possible. Le reste du casting n'est malheureusement guère plus convaincant, excepté Michael Spears et Circus Szalewski parvenant tant bien que mal à tirer leurs épingles du jeu. C'est bien dommage, car avec une direction d'acteurs nettement plus précise, nous aurions pu profiter d'un des rares films traitant de la dépossession des terrains des natifs américains.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur