STEPHANIE DALEY
La réalisatrice accouche d’un film loin de nos espérances…
Ce film fait partie de ceux qu’on aurait aimé adorer ! D’une part, le sujet (l’avortement), n’est pas une préoccupation classique du cinéma américain alors qu’il est passionnant et controversé, et que des milliers d’hommes et de femmes se battent pour sa cause. D’autre part, le scénario mêle habilement deux histoires : une jeune fille est accusée du meurtre de son enfant après l’accouchement alors qu’elle déclare ignorer qu’elle était enceinte. La psychiatre qui suit cette fille avant son jugement a elle-même perdu son premier bébé à l’accouchement dans des conditions suspectes.
L’idée de départ se révélait donc captivante, mais le film ne comble notre attente qu’à moitié (pour être généreux). En refusant d’engager le dialogue sur le sujet de fond, la réalisatrice accouche d’un film plat, qui ne décolle jamais. On se contente de suivre les problèmes psychologiques des deux protagonistes. Elles sont certes attachantes, mais cela est loin de proposer une prise de position sur le sujet ni d’activer le débat. Dommage, car les deux actrices servaient à merveille l’idée de départ du film.
Malheureusement, « Stephanie Dalley » est aussi un film qui délivre un dangereux message, soutenu par le Ministère de l’Education américain, et qui pourrait être pris au premier degré : « L’unique façon, nous dit-on, de ne pas tomber enceinte est l’abstinence ! » Ah bon ? Pas tout à fait, figurez-vous… par contre l’unique façon de ne plus faire de film, là oui on peut le dire : c’est l’abstinence !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur