GI JOE : CONSPIRATION
Y a-t-il un militaire pour sauver le Président ?
Jon M. Chu, le réalisateur des "Sexy Dance" 2 et 3, mais aussi du documentaire "Never Say Never" sur Justin Bieber, prend la place de Stephen Sommers aux commandes du deuxième épisode des "GI Joe". Choix étrange et insolite mais après tout, pourquoi pas ? Il faut dire que le premier opus n’était jamais arrivé au niveau des grands films d’action (en avait-il d’ailleurs l’ambition ?), tant il abusait du rythme effréné des fusillades et des destructions en tout genre jusqu’à l’écoeurement. Ce deuxième volet se veut un film d’action un peu plus posé avec un enjeu international, à mi-chemin entre un "Mission: Impossible" et un "X-Men". Alors mission réussie pour Chu ? Pas franchement : cette suite est un vrai capharnaüm qui part dans tous les sens sans finalité évidente. On se retrouve davantage avec un film bourrin comme "Battleship" qu’intelligent comme "X-Men : Le commencement"… soit un navet de plus dans la filmo de Dwayne Johnson (qui peut se faire un sacré potage aujourd’hui !)…
Autre problème pour "GI Joe : Conspiration" : les seconds rôles. Est-ce que le temps à l’écran de Channing Tatum et Bruce Willis coûtait si cher pour que la production décide de ne leur réserver que dix minutes chacun, au début pour le premier et à la fin pour le second ? Dommage pour Tatum (un des cinq survivants du premier "GI Joe") qui apportait une vraie fraîcheur au duo qu’il formait avec Johnson. La participation de Willis, elle, est finalement plus à mettre sur le compte d’un caméo tant son rôle se réduit à… rien ! Le développement des méchants et notamment du Cobra Commander reste très limité, et ne parlons pas de la psychologie des personnages, le peu qui est opéré étant catastrophique (le trauma de Jaye dont le père n’a jamais pu lui témoigner sa fierté, et la timidité de Flint qui ne sait pas comment dire à Jaye qu’il aimerait bien passer du bon temps avec elle !). On ne retiendra que l’apparente jubilation de Jonathan Pryce en Président des États-Unis (ça faisait longtemps qu’au cinéma un blanc n’était redevenu le maître du monde !) qui s’amuse à se la jouer Peters Sellers dans "Docteur Folamour" de Kubrick !
Oui, "GI Joe" cherche vraiment des comparaisons à des œuvres illustres du septième art (on en rigole encore), mais les deux scénaristes de "Bienvenue à Zombieland" n’arrivent qu’à les évoquer sans jamais bien entendu les transcender. En même temps, comment un film de ce calibre imaginait-t-il arriver au niveau d’un hit cinématographique ? Les spectateurs de ces action movies ne cherchent rien d’autre que de la bonne baston (ce qu’ils auront) et des scènes d’action à couper le souffle (ce qu’ils auront moins). Côté réalisation, pas grand chose à reprocher à Jon M. Chu qui met comme il peut en musique sa tambouille. On regrettera surtout les dialogues absurdes et limités à une compréhension par les ados de 14 ans. Au final, si cette suite n’est pas un désastre complet, elle n’est pas non plus une franche réussite. Elle n’aura pas réussi en tout cas à nous charmer… ce qui pour un film avec des Cobra est vraiment inadmissible !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur