LES AMITIÉS MALÉFIQUES
Mentor menteur
Eloi et Alexandre viennent d’intégrer la faculté de lettres. Ils y font la connaissance d’André, élève brillant, qui deviendra très vite à la fois leur ami, leur maître à penser et leur tortionnaire…
Présenté en ouverture de la Semaine de la critique 2006, le nouveau film d'Emmanuel Bourdieu, fils du sociologue Pierre Bourdieu et lui-même docteur en philosophie, en est reparti avec le grand prix. "les amitiés maléfiques" nous donne une vision de la faculté de lettre assez implacable. Loin du milieu extrêmement schématique décrit dans "Le Plus bel âge" de Didier Audepin, qui traitait d’un sujet similaire, dans le giron des prépas littéraires, son film traduit toute l’ambiguïté des relations d’amitiés qui sont aussi celles de mentor à élève, en dressant le portrait d’un jeune homme extrêmement doué, qui martyrise ses camarades pour mieux leur donner la nécessité de l’exigence.
Ce mentor provocateur et d'apparence égoïste est interprété par le brillant Thibault Vinçon, issu du conservatoire. L'intrigue repose en grande partie sur ses épaules, et sur sa disparition mystérieuse en cours de route. Aussi torturé que manipulateur il est surtout un révélateur indispensable des talents des autres. Et le scénario de Bourdieu montre à merveille ce que son caractère à la limite du supportable apporte au groupe comme aux individus. Une belle histoire d'affirmation des personnalités.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur