KÓBLIC
Pour l'ambiance venimeuse
Un des atouts de "Kóblic", du nom de ce pilote déserteur dont on nous montre des bribes de souvenirs cauchemardesques, est l'ambiance feutrée et empoisonnée que confectionne avec minutie son metteur en scène. Sebastián Borensztein pose ainsi son fuyard de personnage en des contrées campagnardes, sous l'œil suspicieux d'un commissaire plus "méchant" que nature (Oscar Martinez, récemment récompensé à Venise pour son rôle dans "Citoyen d'honneur"), nous préparant par un temps changeant, à l'orage qui va s'abattre sur ces contrées en apparence paisibles.
Les flash-backs cauchemardesques présentant progressivement la réalité des tâches que l'homme a dû fuir, se font de plus en plus fréquents, tels des grondements d'un tonnerre qui se rapproche. Ricardo Darín ("Dans ses yeux", "Truman"), lui, incarne ici une certaine vision d'une droiture détournée. Un peu perdu, son personnage cherche une nouvelle raison de reprendre sa respiration, à la manière d'un homme qui se noie peu à peu dans sa propre culpabilité.
Entre histoire d'amour naissante, secrets de familles conséquents, suspicion généralisée, c'est surtout la mémoire sombre et défaillante d'un pays qui n'ose toujours pas regarder son passé en face, et notamment cette « sale guerre » qui mina ses vastes contrées. Comme toujours enfermé, malgré les vastes espaces, le personnage principal est ainsi à l'image des autres personnages : loins d'être irréprochables.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur