Festival Que du feu 2024 encart

STRAPPED

Un film de Joseph Graham

Sensuel, cérébral et percutant

Un jeune hustler (prostitué masculin) se retrouve dans l'appartement d'un quarantenaire, propre sur lui, qui n'a jamais eu d'expérience avec un autre homme. Après avoir accompli son travail, il sort dans le couloir de l'immeuble, mais s'avère incapable de trouver la sortie, se perdant dans les couloirs et escaliers...

De cette idée de départ fortement intrigante, qui consiste à bloquer un personnage dans un lieu hostile, l'obligeant à des rencontres hasardeuses, Joseph Graham tire une œuvre à part, bourrée de vérités sur l'homme en général, et l'homme homosexuel en particulier. N'hésitant pas à user de paraboles et de clichés, le film vire au parcours initiatique, le héros devant choisir entre retourner dans le monde de la nuit, du zapping permanent, ou s'arrêter pour quelqu'un qui en vaudrait la peine, choisir entre le plaisir facile et une douceur qui vous touche l'âme. Il offre ainsi une critique virulente et crue du « milieu gay », plutôt bien écrite, riche en idées de cinéma et en références à d'autres œuvres (« My own private Idaho »...) ou auteurs.

Tout tourne ici autour de la personnalité du héros, véritable caméléon, capable de s'adapter aux désirs que les autres projettent sur lui. Ben Bonenfant fait ainsi des merveilles, s'amusant en de multiples variations, tantôt effronté, séducteur, autoritaire, masculin à outrance ou légèrement maniéré. Son personnage s'adapte aux autres, mais pour mieux leur échapper. Et les personnages qu'il croise ne font pas qu’interagir avec lui. Ils lui renvoient aussi une image de ce qu'il pourrait être plus tard : un homme qui utilise la drogue pour oublier la réalité (vieillissant et poursuivant son existante dans une certaine idée de la fête, pourtant bien révolue), un homme marié qui s'affirme « non gay » (et refuse de se faire prendre ou d'embrasser, ces « trucs de lavettes »), un garçon seul, qui donnerait tout pour un souvenir qui vous réchauffe pendant quelques temps...

Finalement, c'est le personnage le plus âgé qui, incarnant une certaine sagesse, lui permet de se poser les bonnes questions. Selon lui, être homosexuel est forcément un acte politique, à partir du moment où l'on décide de s'afficher. Peut-être a-t-il raison aussi d'appuyer sur la nécessité d'être soi-même, sans composer avec ce que les autres attendent de nous, car au fond, le temps passe. Et les gens passent. « Strapped », lui, est un huis clos surprenant, qui se garde longtemps en mémoire. À la fois esthétique, sensuel, cérébral et percutant, il sortira malheureusement en France directement en vidéo.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

COMMENTAIRES

hugues

mercredi 10 juillet - 6h19

ce film est tres sexe drole grave tres beau et ne ressemble a rien d autre

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