UNFRIENDED
Un slasher 2.0
C’est un soir comme tant d’autres pour Blaire et ses amis. Installés devant leurs ordinateurs, ils entament un tchat vidéo. Voilà maintenant un an que leur camarade de lycée Laura Barns s’est suicidée à cause d’une vidéo compromettante d’elle postée sur YouTube, un événement auquel les six adolescents n’accordent pas grande importance. Mais un inconnu se joint à la conversation et il semblerait qu’il ait décidé de célébrer cet anniversaire dans les larmes et le sang…
Malgré un pitch relativement accrocheur, on n'attendait pas grand-chose du deuxième long-métrage solo de Levan Gabriadze. L'originalité du concept semblait assez limitée, puisqu'en 2008 "Intraçable" nous comptait déjà l'histoire d'un tueur en série se servant d'Internet pour atteindre ses victimes et qu'en 2012 "Action ou vérité" traitait d'une vengeance suite au suicide d'un adolescent.
Pourtant, "Unfriended" développe un univers tout à fait singulier. Ce n'est en fait qu'un screencast de 1h20 et, à ce titre, on peut le rapprocher de films en univers clos comme "Buried". On suit donc les aventures de Blaire et de ses amis via les différentes fenêtres de l'ordinateur de cette dernière, et c'est ainsi que de partages de fichiers en conversations privées, les vraies motivations du tueur se révèlent peu à peu.
Mais ce qui fait de "Unfriended" un film intéressant, c'est aussi son message. En effet, Gabriadze nous pousse à réfléchir sur l'impact de nos prises de parole sur Internet. Pour ce faire, il ausculte la population où ces problèmes sont les plus récurrents : les ados. On en vient à se demander comment le virtuel peut rendre les gens si aveugles et les faire participer de leur plein gré à de tels lynchages collectifs (l'humiliation publique de la pauvre Laura Barns). C'est certes un peu cliché mais ça fonctionne bien.
Et c'est, en fait, ce qui ressort de l'ensemble du film. Car à n'en pas douter, "Unfriended" est un slasher. Le réalisateur géorgien reprend tant de codes du genre qu'il ne laisse planer aucun doute quant à ses intentions. Le tueur est omnipotent, omniscient et invincible, les jeunes gens se font massacrer les uns après les autres dans des circonstances de plus en plus barbares et pendant ce temps-là, le public prend son pied. Encore une fois, c'est cliché mais ça fonctionne.
Au final, tout est là : dans "Unfriended" les ficelles sont énormes mais on passe un bon moment car l'ensemble tient bien la route. Une fois dépassé le manque de subtilité cinématographique, reste le fait que "Unfriended" est un bon film d'horreur. Et finalement, c'est bien cela qui importe le plus.
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur