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HAIRSPRAY

Un film de Adam Shankman

Une comédie musicale « greasante »

Malgré son problème d’embonpoint, Tracy rêve de danser dans l’émission de Corny Collins. Repérée par l’un de ses danseurs vedette, Link, dont elle est éperdument amoureuse, Tracy parvient à rejoindre le groupe et devient une immense célébrité à Baltimore, s’attirant ainsi la jalousie d’Amber, petite amie de Link qui régnait jusque là sur le show…

L’histoire de « Hairspray » ne date pas d’hier : après avoir été un film de John Waters en 1988, sous la houlette de New Line, puis une comédie musicale à Broadway en 2004, voilà que l’équipe loufoque de Baltimore revient sur nos écrans de cinéma pour un remake du meilleur effet. Il suffit, pour se donner une idée de ce à quoi ressemble « Hairspray », d’imaginer ce que donnerait aujourd’hui une nouvelle version de « Grease » toujours auréolée du kitsch d’époque : une bande pimpante et colorée bourrée de bonne humeur, les meilleurs moments des années soixante, et bien sûr la présence de John Travolta, ici transfiguré en mère de famille bougonne et enveloppée. Robes à pois et à paillettes, coiffures problématiques, costumes et cheveux bien laqués, pas de danse improvisés et rythme communicatif – ce sont les ingrédients de cette comédie musicale enchantée, décidément ancrée dans une nostalgie yéyé qui s’assume totalement.

Adam Shankman, aux commandes de cette adaptation, fournit une mise en scène correcte sans jamais chercher à prendre des risques. Réalisateur de produits estampillés « humour et famille » pour Hollywood, parmi lesquels « Un mariage trop parfait » et « Baby-Sittor », Shankman est avant tout un chorégraphe plutôt doué (il a travaillé avec le réalisateur de clips Julian Temple) qui trouve ici matière à faire fructifier son expérience. Plus réussie, la direction d’acteurs : Nikki Blonsky, parfaite dans le rôle principal, est entourée d’une grappe de comédiens charismatiques, même lorsqu’ils sont du côté des méchants (Michelle Pfeiffer et la jeune Brittany Snow en tête). La fausse bonne idée du film est toutefois d’offrir le rôle d’Edna Turnblad, la mère de Tracy, à Travolta : on appréciera, certes, la performance de notre has been préféré en maman poule complexée par sa surcharge pondérale, qui finit par libérer ses pulsions et chantonner comme une gazelle ; on trouvera un certain plaisir à redécouvrir l’acteur dans une comédie musicale, pour la première fois depuis « Staying Alive » ; mais rien de tout cela n’était indispensable à la réussite du film.

« Hairspray » est toutefois un peu plus qu’une silhouette aux belles jambes mais dénuée de cervelle. L’histoire se double d’un discours politique qui, s’il se fait discret durant toute la première partie du film, finit largement par prendre l’avantage, et toujours avec beaucoup d’humour. Au cœur des sixties, la petite Tracy devient la garante d’un message social fort en proposant que les Blancs et les Noirs dansent ensemble dans le Corny Collins Show, ce qui déplaît forcément à la branche conservatrice des WASP de Balitmore. Participant à une marche de soutien pour la communauté Noire, elle devient rapidement la cible des autorités réactionnaires mais s’arroge la sympathie de la masse populaire, ce qui fait d’elle, bien plus que ses quelques pas de danse, une véritable célébrité. On savait déjà que la musique adoucit les mœurs, on dira désormais que la danse peut vaincre les néo-conservateurs.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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