Festival Que du feu 2024 encart

CAPRICE

Un film de Emmanuel Mouret

Le meilleur de Mouret

Clément est instituteur. Il laisse son fils à son ex-femme pour aller voir au théâtre, la dernière pièce d'une actrice qu'il admire depuis des années : Alicia Bardery. À côté de lui se trouve une jeune femme qui affirme que c'est la troisième fois qu'ils se retrouvent assis l'un près de l'autre. Par hasard, Alicia recherche un professeur qui pourrait donner des cours particuliers à son neveu. Le proviseur, qui est aussi le parrain de son fils, lui demande de s'en charger, pour son plus grand plaisir, mais aussi son plus grand trouble...

Chaque film d'Emmanuel Mouret est une petite bulle de champagne. Intelligemment écrits, ses scénario donnent naissance à des personnages de chair et de sang, qui nous transmettent leurs sensations, leurs craintes, et leur plaisir à aimer ou se laisser aimer. Reprenant son rôle d'amoureux maladroit, le réalisateur se donne ici le beau rôle, se retrouvant embarqué dans une histoire d'amour qui semble le dépasser, avec ni plus ni moins que la femme de ses rêves, une actrice blessée par la vie (Virginie Elfira, vue dans « 20 ans d'écart »), belle à se damner. Une idylle que les choses de la vie, et la présence d'une insistante intruse (Caprice, interprétée par Anaïs Demoustier), va venir perturber.

Mais comme chaque situation et chaque mot chez l'auteur, est savamment pesé, on se délecte des situations parallèles ou symétriques (quand l'instit trouve sa belle, c'est l'ami proviseur qui perd la sienne...), et des hésitations ou maladresses de chacun. Ce sont d'ailleurs les moments où certains personnages expriment tout haut leur trouble, que le décalage assumé crée l'émotion. C'est le cas quand Mouret et Elfira se rapprochent, regardant le moment comme de l'extérieur, à la manière d'un « futur souvenir ». C'est le cas aussi lorsque Demoustier affirme que son envie d'embrasser Mouret, ne veut obstinément pas passer, ou qu'elle affirme qu'il ne devrait pas être égoïste en restant fidèle, puisque deux femmes le désirent.

À force de gentilles moqueries sur le métier de comédien(ne), de clowneries ponctuelles (la scène des béquilles), de romantisme assumé, Emmanuel Mouret arrive à faire passer ses propres vérités sur la vie. Les spectateurs découvriront ainsi une joliment improbable « loi de la compensation », mais aussi que logiquement les choses sont terribles pour l'homme qui « est le rêve d'une femme », celui-ci étant « sûr de la décevoir ». Assumant parfaitement son côté conte amoral, bercé par une musique de Giovanni Mirabassi flirtant avec le Dany Elfman des meilleurs Tim Burton, le « Caprice » d'Emmanuel Mouret est un vrai délice de douceur à l'amertume légère, à déguster du coup, sans aucune modération.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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