LES VOYAGES DE GULLIVER
Un drôle de fourre-tout
Gulliver est responsable du courrier dans une grande entreprise aux Etats Unis. Fier comme un coq, il accueille un nouvel employé, lui ventant les mérites et l’importance de son travail. Ce dernier, bien plus à l’aise que lui dans les rapports humains, ne va pas tarder à être promu à sa place. Déstabilisé, Gulliver se retrouve à mentir à celle qu’il admire par dessus tout dans sa boîte, Darcy Silverman, lui expliquant qu’il écrit régulièrement pour lui-même. Celle-ci, intéressée par un potentiel article, lui donne alors sa chance, après qu’il lui ait remis un texte quasiment entièrement copié sur un grand auteur. Le voilà donc embarqué pour un voyage dans le triangle des Bermudes, dans le but d’écrire une chronique de voyages. Suite à une tempête, il échoue sur une île bien étrange, peuplée de créatures minuscules…
La Fox a donc décidé d'adapter une nouvelle fois « Les voyages de Gulliver » (Gulliver’s Travels), roman satirique écrit par Jonathan Swift en 1721, déjà maintes fois porté à l'écran, depuis le début du 20ème siècle et Georges Méliés. L'idée d'employer Jack Black dans le rôle du doux menteur Gulliver était en soi une vraie bonne idée, l'acteur pouvant apporter beaucoup à une comédie, notamment de par ses célèbres improvisations.
Le début du film ressemble à une quelconque comédie romantique, opposant le gueux Jack Black, à la princesse Amanda Peet, rayonnante de fraîcheur. Puis arrive l'accident de bateau et notre antihéros, jusque là moyennement sympathique, se retrouve allongé sur le sable d'une plage, prisonnier des entraves d'un peuple de personnes miniatures, les lilliputiens. Les effets spéciaux sont plutôt réussis, les décors et la multitude petits bonshommes agréables à l'oeil, et la bonne idée d'adapter les mensonges notre ami au monde moderne et à son métier permet de générer quelques scènes sympathiques.
On retiendra par exemple la création d'un théâtre gigantesque dans lequel Gulliver est assis sur un siège construit à sa taille, au milieu de gradins où se tient la totalité du peuple de Lilliput, assistant ainsi tous ensemble aux récits de la vie de « Gulli »: la de son « père » façon guerre des étoiles, sa mort à la fin de Titanic... qui ne manquent pas de générer des questions perplexes chez les spectateurs... Les choses commencent à dégénérer, même si cela est sympathique au début, avec le concert, donné par quelques habitants de l'île, habillés... en chanteurs du groupe Kiss...
Malgré un casting plutôt convenable (dont Emily Blunt en princesse pincée mais coquine, ou Catherine Tate en reine fantasque), le film s'enlise dans une seconde partie oscillant entre moralisme cheap et fantaisie exagérée. Des summums du navrant sont alors atteints avec une bataille entre un « robot » et Gulliver lui-même, lors d'une scène de drague au balcon façon « Roméo et Juliette », ou lorsque Black Jack entonne la chanson d'Edwin Starr, « War, what is it good for ? ». Bref, avant d'achever un scénario, il conviendrait de savoir sur quel pied danser. Cela aurait permis aux « Voyages de Gulliver » de partir dans le délire total ou de respecter l'histoire dont ils s'inspirent, au choix.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur