LES NUITS DE SISTER WELSH
Un "Lol" complexe et torturé
Les nuits d’Emma sont plus belles que ses jours. Seule, elle s’invente un monde dédié à sa mère. Qu’elle soit nonne amoureuse ou amazone irascible, elle incarne à elle seule le summum du romanesque. Un portrait aux antipodes de la réalité du personnage, angoissé et figé dans son salon minimaliste. Complètement déconnectée, l’adolescente perd pied et se laisse emporter par ses délires.
Malheureusement, il n'en sera pas de même pour le spectateur, qui dès les premières minutes se retrouve piégé dans un récit des plus confus fait d'une histoire alambiquée qui compile maladroitement des scènes lyriques re-colorisées avec des tranches de vie aux dialogues empesés. Pour compliquer le tout, le réalisateur multiplie les figures de styles : trash, irréel, introspectif, peu de scènes se ressemblent et le tout manque cruellement de crédibilité.
Enfin, le film s’obstine à vouloir développer deux histoires de front : le manque d’amour maternel et la désillusion amoureuse. À l’image de ces feuilletons où se croisent les destinées de plusieurs personnages, les différentes tribulations d’Emma s’entrechoquent, au lieu d’interagir ensemble. Autant dire qu’il faut beaucoup d’énergie pour suivre le fil laborieux de cette histoire. À trop vouloir faire du «cinéma d’auteur», le réalisateur s’est perdu dans une montagne d’artifices pour nous conter de façon empirique, ce qui n’est rien de plus qu’une simple bluette adolescente.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur