GHOST WORLD
Daria façon film : jubilatoire
Enid et Rebecca sont deux lycéennes qui refusent le système et méprisent leurs camarades de classe, immatures. Durant l’été qui suit la fin de leur dernière année, elle vont faire connaissance avec les petits boulots, la vie en communauté… et un looser prénommé Seymour (steve Buscemi)…
Si cette blonde aux cheveux noirs, presque artificiels, qui jure et qui peste, déverse son fiel verbal sur ses camarades, son atroce famille et les américains en générale, nous rappelle quelque chose ou quelqu'un c'est que ce film est tiré de l'adaptation d'une bande dessiné, ou que son " héroïne " ressemble étrangement sur le fond, à celle d'un dessin animé célèbre, j'ai nommé Daria. Il s'agirait d'ailleurs plutôt ici d'un mélange de sa copine Jeanne (la brune) avec la dite Daria.
Outre une critique cynique de la société de consommation, Ghost World s'attache à dépeindre ceux qui ne cadrent pas dans le tableaux. Et cela, qu'ils refusent d'entrer dans le moule, comme Enid, ou qu'ils n'en ont jamais fais partie, comme Seymour. Le personnage de Buscemi en est d'ailleurs particulièrement touchant, collectionneur isolé de vinyles ringards, et vieux garçon aux cheveux gras. Le regard porté sur lui évolue au fil du récit et du rapprochement avec Enid. Se focalisant sur ses manies et ses défauts, la mise en scène lui donne peu à peu plus d'espace, le rendant en définitif fortement attachant.
Buscemi est formidable en homme usé et conscient de sa médiocrité, alors que Thora Birch oscille à merveille antre langue de vipère, bécasse mystique et épaule généreuse. Signalons qu'elle a obtenu le prix d'interprétation à Deauville pour ce rôle. Le film, s'il traite principalement du passage à l'âge adulte, se charge d'émouvantes variations, entre quelques échanges assassins et touches risibles. Un puissant message de communication, d'intégration et de curiosité pour la différence. Une place pour chacun.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur