L'AGENCE TOUS RISQUES
J’aurai adoré qu'le film se déroule sans accroc !
Les séries américaines sont un vivier foisonnant de remakes possibles pour le cinéma hollywoodien. « Miami Vice », « Mission: Impossible », « Starsky et Hutch » ont efficacement passé le cap de l’adaptation sur grand écran. On ne pourra pas en dire autant de « Shérif, fais-moi peur », « Charlie et ses drôles de dames » ou « Sex and the city » dont le deuxième (pauvre) volet est actuellement à l’affiche au cinéma.
Avec « L’agence tous risques », mythique série des années 80, Hollywood ne s’en tire pas trop mal. Le rythme est là, les scènes d’action sont redoutables, l’humour et l’esprit grandguignolesque de la série d’origine traversent tout le film… On peut dire merci à Joe Carnahan très à l’aise avec les films qui mêlent les genres et qui enchaînent les cascades, lui qui s’était fait connaître en France avec les très bons « Narc » (2003) et « Mise à prix » (2007).
Le casting de « L’agence tous risques » est très fin. On notera les ressemblances physiques avec les acteurs de la série originelle. Les choix se sont portés sur des gueules de cinéma (Neeson – Hannibal, le vieux de la vieille), les belles gueules en plein boom (Cooper – Futé, charmant comme Don Juan, bâti comme un Dieu), les forts en gueule (Copley – Looping, révélé par « District 9 » et à l’humour féroce) et La gueule (« Rampage » Jackson – Barracuda, sans ses chaînes en or, mais toujours avec sa peur maladive des avions !).
Le scénario, écrit à cinq mains, est tout à la fois foutraque, inspiré et haletant dans sa première partie, comme il est brouillon, invraisemblable et lassant dans sa seconde. On est même heureux que le film se termine, la fin devenant une surenchère de n’importe quoi. Dommage, car le début collait réellement à l’esprit de la série télé, avec ces fameux plans qui se déroulent sans accrocs, les astuces à la McGyver pour arriver à leurs fins, les quarts d’heure de folie de Looping qui se dispute joyeusement avec Barracuda… Mais que s’est-il passé pour que la dernière partie du film et la fin soient aussi inintéressantes ? Voulant garder le rythme enlevé du début, le film n'en finit plus entre fusillades et boom badaboom à répétitions, sur fond d'opérations incompréhensibles où sont mêlés la CIA et l’armée, à moins que ce ne soit la police et les services secrets, on ne sait plus...
Si l’équipe reprend du service pour une nouveau volet, il faudra davantage axer l'histoire sur la solidarité entre les personnages et notamment sur le chef de bande : Hannibal, véritable meneur de jeu, liant du groupe, sorte d’entraîneur d’équipe de football qui mène ses joueurs à la victoire... un peu comme aurait dû être Raymond Domenech en somme ! Remarquez, maintenant qu’il a du temps devant lui Raymond, on ne saurait que trop lui conseiller d’aller dans les salles obscures et de voir « L’agence tous risques ». Ça pourrait lui servir !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur