L’ILLUSIONNISTE
Simplement magique et nostalgique
Après avoir connu les joies d'une sélection Hors compétition à Cannes avec l'inventif "Les triplettes de Belleville", le réalisateur français Sylvain Chomet nous livre son nouveau dessin animé, non seulement présenté à Berlin, mais également en ouverture du 50ème festival du cinéma d'animation d'Annecy et du Festival d'Edinbourough en Ecosse. Adaptation du quatrième et dernier scénario de Jacques Tati, que l'auteur n'a jamais pu tourner, "L'illusioniste" est une fable nostalgique, amenant un magicien (Tatischeff) et son agressif lapin, à parcourir l'Angleterre puis l'Ecosse, et à recueillir sous son aile, une jeune bonne sans le sou.
Avec un minimum de dialogues, et comme toujours d'infimes détails qui font la drôlerie de chaque plan, "L'illusioniste" séduit sans condition et touche aussi, face au constat du passage à un nouvel âge, plus sophistiqué, plus moderne, époque contre lequel le vieil homme ne peut lutter. Parce que son art n'est plus à la mode, parce qu'aussi il vieillit. Car c'est là aussi le thème central du film, la nécessaire passation de flambeau à une autre génération, qu'elle concerne la transmission de son savoir faire ou son désir de filiation.
La silhouette filament de Tati rode dans chaque plan de "L'illusioniste", dont les décors tourmentés et les villages d'Ecosse ne font que renforcer le coté intemporel, figeant une époque où la vulgarisation de l'électricité et l'arrivée de la télévision sont vécus comme des évènements divertissants, et quasiment magiques. Avec une infinie douceur, cette belle histoire, drôle et foisonnante de détails, prouve malgré tout que le spectacle vivant n'est pas mort, pour peu que les gens y prêtent attention. Au final, "L'illusionioste" satisfera sûrement autant les parents, sensible à la relation père-fille de substitution, que les plus petits, plutôt sensibles au comique de répétition lié au lapin, qui préfère de loin manger des doigts que des carottes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurAprès un curieux générique qui révèle plusieurs scènes du film à venir, Neil Burger emmène le spectateur dans une histoire proche du conte pour enfants, où l’on retrouve les bons et les méchants, l’histoire entre une princesse promise au roi et un bel étranger mystérieux, le château dans la forêt, le policier proche du roi et l’amour qui triomphe toujours… Autant dire rien de très exceptionnel s’il n’y avait les tours de magie du prestidigitateur Norton.
Car l’intérêt du film réside essentiellement là : Edward Norton nous en met en plein la vue dans son rôle d’illusionniste qui trompe tout le monde, y compris le spectateur. Ce dernier perd d’ailleurs toute notion de réel et d’irréel. En effet, en étant si proche du conte de fée, on en viendrait à croire que tout est possible, y compris ces supercheries qui tour à tour amusent, impressionnent, font cogiter et troublent !
Les couleurs sépia du film renforcent son côté terroir et conte d’antan, où il ne manquerait plus que la laitière. A sa place, le casting compte Ed Norton, parfait en David Copperfield des temps anciens, Jessica Biel, en reine de beauté entre Belle au bois dormant et Blanche-neige, Paul Giametti, en excellent en flic au service de sa majesté, rôle interprété par Rufus Sewell et qui compose un roi très despotique.
Le film reste assez conventionnel dans son approche des thèmes du pouvoir, de l’illusion et des croyances. Il recèle tout de même quelques jolies surprises dont l’apothéose reste le bouquet final.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur