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LE SECRET DE LILY OWENS

Un film mielleux qui attire notre attention

Dans une Caroline du Sud des années soixante où la ségrégation raciale sévit encore, Lily, 14 ans, vit avec son père, un producteur de pêches quelque peu brutal, et Rosaleen, sa nourrice noire. Depuis sa plus tendre enfance, le souvenir du coup de feu qui tua sa mère la hante continuellement. Lorsqu'elle questionne son père, celui-ci ne manque pas de rabaisser la défunte. Lassée par ce qu'elle considère être des mensonges, elle décide de s'enfuir avec sa nourrice le jour où celle-ci se fait violemment molester par des Blancs. Elles trouvent refuge chez trois sœurs apicultrices dont l'emblème est une vierge noire…

Adapté du roman best-seller de Sue Monk Kidd, The Secret Life of Bees, "Le secret de Lily Owens" nous plonge dans une Amérique en proie à ses vieilles habitudes racistes. C'est ce versant qui suscite tout l'intérêt du début du film. A travers le regard de la petite Lily et son parcours initiatique en fuite de son père et à la recherche du passé de sa mère, Gina Prince-Bythewood distille ce malaise palpable issu des mœurs de l'époque. Même si la ségrégation a été déclarée anticonstitutionnelle dix ans plus tôt, le film témoigne de la difficulté des états du Sud à se conformer à la loi.

Tout ceci n'est malheureusement qu'une toile de fond vite occultée une fois les filles réfugiées dans le cocon rose bonbon, car en marge du monde extérieur. Mais qu'importe, on se surprend à découvrir avec intérêt les caractères des trois sœurs et l'amitié qui va se créer. L'une est rondelette, débordante de générosité (Queen Latifah absolument parfaite en bienveillante maîtresse de maison); l'autre est sèche et méfiante (une Alicia Keys qui en fait, comme à son habitude, un peu trop), et enfin, la troisième est une fragile et candide femme qui se trouve bouleversée à chaque malheur de son entourage (une Sophie Okenedo formidable dans, certainement, le rôle le plus difficile du film).

Hélas, sur la dernière partie, le film verse dans le sirupeux et l'excès de bons sentiments avec des drames vite oubliés et une confrontation finale assez ridicule qui nous laisse incrédules. On pense alors à "La Ligne Verte" qui est en soit un bon moment à passer pour peu que l'on ne cherche pas trop à gratter le verni de mièvreries hollywoodiennes. Il en demeure toutefois un film agréable à regarder, idéal pour la famille. Comme un téléfilm de dimanche de fêtes.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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