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PATAGONIA, EL INVIERNO

Un film de Emiliano Torres

Un film âpre et amer comme la froideur de l’hiver en Patagonie

C’est le début du l’été austral, des saisonniers prennent leur poste pour récolter la laine et entretenir le bétail de l’immense troupeau d’un riche propriétaire terrien. Le vieil Evans, son contremaître, est à présent un homme usé et aigri. Sa vie il l’a dédié à son métier, alors quand on lui annonce que c’est sa dernière saison, l’homme tente de mettre fin à ses jours…

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Niché dans un paysage à couper le souffle, un grand ranch semble perdu au milieu des plaines à perte de vue. Sa grange rudimentaire accueille les saisonniers pour un été de labeur, loin de tout. Confinés dans un hangar sans confort, les hommes tentent de s’apprivoiser entre rendement et soirées alcoolisées. Parmi eux un homme sort du lot par sa dextérité et sa discrétion. Les hommes de main du propriétaire le remarquent et lui proposent le poste de contremaître à la suite d’Evans.

Ainsi l’usure du vieil homme ne fait pas le poids face à la détermination du jeune contremaître. Les deux personnages se suivent mais ne se ressemblent guère, le premier a sacrifié sa famille pour son poste, le deuxième prendra des risques pour cacher la sienne aux yeux des propriétaires. Pour ces derniers, la loi de l’offre et de la demande leur permet de trier les hommes en fonction de leur assiduité et un père de famille est bien moins souple qu’un homme sans attaches.

Ce monde rude et sans pitié voit ainsi se croiser des nantis influents qui vendent leurs terrains aux plus offrant avec leur personnel bravant les rigueurs du climat pour ne pas perdre leur emploi. Des vies sacrifiées aux aléas des saisons, où les hommes suent sang et eau l’été dans les bottes de laine, pour frissonner l’hiver dans l’ennui d’un ranch abandonné aux éléments. Minimaliste, la caméra de Emiliano Torres nous offre un portrait rugueux d’un monde en pleine transition, entre tradition et mondialisation. Comme ses personnages, le film va à l’essentiel et ne se laisse déborder par aucune émotion. Une atmosphère au final un peu trop aseptisée, qui certes épouse son sujet, mais dessert quelque peu le film dans son ensemble.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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