LES IRRÉDUCTIBLES
Petit film surprise
Alors que son fils vient de rater son bac, un quarantenaire apprend que son usine va prochainement fermer. D’abord décidé à prendre du bon temps, il se met finalement à la recherche d’un emploi, et réalise que malgré ses vingt ans d’expérience, un seul élément lui manque pour décrocher un poste: le fameux diplôme. Il s’inscrit alors en candidat libre, avec son collègue et leur ancien chef…
Sorti dans une assez grande discrétion, le film de Renaud Bertrand, à l'affiche peu engageante, évoquant plus de grossières comédies qu'un petit film d'auteur, pourrait bien être la surprise de ce mois de juin. Car c'est dans la veine des Full Monty ou Les géants, comédies sociales à l'anglaise, qu'il faut aller chercher l'humour de cette oeuvre pourtant bien française. Point de misérabilisme ici, juste une envie s'en sortir et de décocher quelques flèches assassines au système de recherche d'emploi à la française, fier d'une ANPE qui semble engluée dans des règles d'une rigidité frôlant le ridicule. Opposant expérience et diplôme bradé par obligation, l'auteur déclenche un écoeurement qu'il contrebalance intelligemment par une humanité toute en générosité.
Le personnage de Jacques Gamblin séduit autant qu'il provoque par moment l'incompréhension, de par ses travers masculin, faits de fierté mal placée et de difficultés à faire confiance aux autres. Face à lui, on retrouve une Anne Brochet troublante de droiture et d'élan généreux. On avait presque oublié à quel point elle est une actrice formidable. Tous deux composent ainsi un couple crédible, dont les déboires pratiques contrastent avec la belle complicité. Avec une histoire aux ressorts pas si évidents, touchera forcément ceux qui espèrent agir pour le mieux. D'autant que sa mise en scène, ponctuée d'échappées musicales d'une force troublante, réussit de manière surprenante à jouer avec notre ego autant que nos propres espoirs de liberté.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur