LA PASSION VAN GOGH
Un projet titanesque et bouleversant autant émotionnellement qu’esthétiquement
Paris, à l’été 1891, deux ans après le suicide du peintre Vincent Van Gogh. Armand Roulin est chargé par son père, le facteur Joseph Roulin, de remettre en mains propres à Theo, le frère de Vincent, une lettre que celui-ci a écrite. Commence alors sa quête de la vraie personnalité de Vincent et une sorte d’enquête mettant en doute le suicide de celui-ci…
Reparti du dernier Festival du film d’animation d’Annecy avec un fort mérité Prix du public, ce projet britanno-polonais, que l'on suivait depuis déjà plusieurs années, est le résultat d’un travail titanesque sur plus de huit ans, réunissant plus de 90 peintres ayant reproduit les tableaux de Vincent ou retravaillé à sa manière les images des acteurs interprétant chacun des personnages côtoyés par le célèbre peintre, pour donner, au travers de plus de 60 000 plans, un effet de mouvement aussi déstabilisant au début que fascinant par la suite.
Grâce à un résultat picturalement sublime, le film nous convie à la fois à une balade mouvante dans les peintures du maître (les flash-backs en couleurs) et à des rencontres de personnages clés (l’aubergiste, les muses, le batelier…) jalonnant la vie de l’artiste (les passages en noir et blanc aux merveilleuses nuances de gris). L'histoire de cette lettre de Van Gogh, pas encore reçue par son frère deux ans après la mort du peintre, se mue ainsi progressivement en une passionnante enquête entre doute sur la réalité du suicide et portrait intime modifiant le regard posé sur cet anti-héros.
"La Passion Van Gogh", telle un ensemble de toiles qui évolueraient en direct sous nos yeux, provoque une indéniable émotion autant sensorielle qu’intellectuelle. Ce récit troublant autour d'un homme qui ne savait comment trouver sa place et d'une éventuelle explication de sa mort, partiellement réalisé à partir d'interprétations d'acteurs réels (voir les comparaisons avec de vrais portraits dans le générique de fin), devrait trouver aisément son public en salles, tant l'approche est ambitieuse et le résultat aussi captivant que bouleversant. Ajoutez à cela la musique omniprésente de Clint Mansell, à la fois triste et obsédante, et vous obtenez l’un des films incontournables de cette année 2017.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur