SUPERCONDRIAQUE
Pronostic médical : rigolade après 30 minutes !
Photographe pour dictionnaire médical en ligne, Romain Faubert a 40 ans. Son problème : une hypocondrie maladive qui pourrit aussi bien sa vie que celle de son entourage, en particulier son médecin traitant, le docteur Dimitri Zvenska. Ce dernier pense avoir trouvé le remède pour se débarrasser de cet encombrant patient : lui faire rencontrer l’amour de sa vie. Plus facile à dire qu’à faire…
La bonne nouvelle, c’est que voir "Supercondriaque" en ayant déjà visionné les teasers et la bande-annonce du film est pour une fois à considérer comme un grand avantage, d’abord parce que la promo insiste à fond sur les gags les moins drôles, ensuite parce que ceux-ci ne correspondent qu’à la première demi-heure du film. Tout comme le docteur joué par Kad Merad, on ne prendra pas de gants ni de subtilité en considérant les trente premières minutes comme calamiteuses. Comme toujours, ce pauvre Dany Boon récite sa leçon du « petit Bourvil illustré » en enchaînant les mimiques pas drôles, en nous ressortant son éternelle allure de benêt bègue à la ramasse et, surtout, en surjouant chaque rire ou chaque gueulante comme s’il voulait imiter le T-Rex de "Jurassic Park". L’absence de rythme dans la mise en scène, l’affligeante pauvreté des dialogues et des situations comiques, plus éculées tu meurs (dont l’éternel quiproquo à teneur homophobe) ont vite fait de cristalliser sous nos yeux la purge à 30 millions (soit le même budget que "La Belle et la Bête" !) que l’on sentait venir à l’horizon.
Sauf que… Sauf que, voilà, la bande-annonce était une arnaque qui cachait bien son jeu. On ne révèlera surtout pas de quoi il sera question, mais dès que le film fait intervenir sans crier gare le personnage incarné par Jean-Yves Berteloot (dont la forte ressemblance avec Dany Boon est ici fort bien exploitée), le récit quitte sa routine de comédie morne et formatée pour partir en roue libre dans une sorte de portnawak maîtrisé. L’occasion pour Boon de faire évoluer son (mauvais) jeu candide vers une (bonne) variation de ses meilleurs spectacles sur scène dans lesquels son délire facial et vocal frisait parfois le morphing (et là-dessus, il est vraiment très bon). Mais surtout, et c’est là que le film nous pousse à ranger au placard notre M-16 à critiques assassines, l’acteur-réalisateur reste fidèle à son concept de départ, d’ailleurs plutôt amusant pour une comédie : suivre la folie d’un homme atteint d’une hypocondrie de plus en plus maladive, et voir jusqu’où son délire peut l’emmener. Certes, on n’échappera pas à l’inévitable love story (ici avec la très jolie Alice Pol), mais en tenant son concept jusqu’au bout sans trop faillir sur l’humour, Dany Boon s’en sort finalement bien, en tout cas assez bien pour que l’on quitte la projection avec l’inverse d’une mauvaise grimace sur la bouche.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE