EDY
Un premier film noir très bien joué : une jolie réussite, en attendant le deuxième…
Edy est un assureur hors-pair, notamment lorsqu’il s’agit d’aider ses clients à toucher l’assurance vie de leur conjoint. Mais il a perdu le goût de vivre et un de ses contrats tourne mal. Le destin lui joue un drôle de tour et Edy va devoir faire appel à Louis, un confrère…
Stephan Guérin-Tillié a le mérite de savoir ce qu’il veut. Dès les premières images, les couleurs et les sons s’imposent naturellement et le réalisateur parvient à construire un univers sombre et ambigu, où les feux de voiture servent de lampadaire et où les vitres reflètent le visage de ses miséreux. Edy erre dans sa vie en attendant sa mort, qu’il ne cesse de frôler sans jamais parvenir à l’agripper. François Berléand, impressionnant, a le regard vide de celui qui porte le poids du monde sur ses épaules. Face à lui, Philippe Noiret tente de soigner les maux, mais le chemin jusqu’à la rédemption est dur.
Stephan Guérin-Tillié prend le temps des choses. Il donne la parole à ses personnages, les laisse évoluer, les accompagne d’une musique jazzy impeccable. Le rythme lent du montage est compensé par des dialogues alertes et construits avec brio, et le tandem des assureurs est soutenu par des seconds rôles mineurs mais très bien exploités. Une lente descente aux enfers s’amorce alors, et la fin du film peut se lire de plusieurs manières, laissant ainsi au spectateur le loisir de placer la lueur au bout du tunnel là où ça lui chante. Une chose est sûre, c’est que Stephan Guérin-Tillié n’a pas fini de faire parler de lui…
Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur