JOHN RAMBO
Le retour de l’icône
Tout comme pour son autre personnage mythique (Rocky), Stallone tente et réussit à conclure le long voyage de son héros guerrier, en misant sur un pari un peu fou : le remettre en situation comme au bon vieux temps des années 80 ! Et ça marche, non pas dans une vision caricatural des choses mais plutôt en plaçant l'action sur un terrain très glissant (l'action des humanitaires est-elle possible ou inutile ?) et dans un contexte tendu (la Birmanie dont tout le monde à oublier la population).
D'entrée, le ton est donné, avec des civils birmans massacrés de manière cruelles par quelques soldats en manquent de plaisirs horribles, le tout filmé de manière sèche et brutale, dans des scènes où les corps déchiquetés par les mines finissent perforés par les balles dont les sifflements répondent aux cris des blessés ! Et jamais tout au long du film, les scènes de massacres et autres tortures ne faibliront, toujours plus dirigées contre une population impuissante et démunie. Du coup, jamais barbarie n'aura parue aussi réaliste et monstrueuse, avec notamment des enfants abattus, jetés dans les flammes ! Une horreur quotidienne pour des millions de personnes !
Et le personnage de Rambo semble là désabusé, amoindri par 20 ans de combat, perdu entre une vision des horreurs commises par lui-même et par les autres, et une humanité qu'il recherche ! Mais en discutant avec une des missionnaires, il prend réellement conscience de ce qu'il est, une machine à tuer, il n'a pas fait la guerre pour son pays, il a fait la guerre car il est la guerre ! Alors bien sûr passé cette révélation, le film emprunte la même structure que d'habitude. Il présente le massacre des ennemis, avec une violence sèche digne des pires films d'horreur italiens des années 70. Et le personnage sombre dans un état de colère de plus en plus violent ! Bref il s’agit bien là de Rambo, mais du bon Rambo, car l'horreur de la guerre ne frappe plus cette fois que les pauvres américains ( qui semblent tout de même bien épargnés...) mais la population et c'est cela qui révolte au final le personnage de Stallone.
Oui il est une icône du cinéma guerrier des années 80, mais réussit à nous transmettre ses motivations qui paraissaient à l'époque stupides et ridicules. Il n'est qu'une machine de guerre, qui, sans être en paix avec lui-même ne peut prendre le chemin du retour vers un pays qui l'a façonné, car un peu comme Ulysse, il a du traverser des épreuves avant de prétendre retrouver sa « maison ».
La réalisation insiste tout autant sur les horreurs filmées de manière brutale, alternant travelling et caméra à l'épaule au plus près de l'action, mais aussi des plans magnifiques de ce pays fascinant qu'est la Birmanie. Comme quoi la beauté la plus simple côtoie en permanence la monstruosité des hommes. Et les personnages idéalistes comme les missionnaires découvrent l'inimaginable auquel ils n'étaient pas préparés (cela rapproche au passage le film de l'actualité !) mais sombre aussi par moment dans la violence la plus humaine, submergée par la colère.
En fin de compte un plan résume à lui seul le film et le personnage : Rambo, seul sur une colline, contemple la vallée jonchée de cadavres en contrebas, juste après la bataille, tel un dieu de la guerre observant ses actes ! C’est là le moment de l'adieu aux armes !
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur