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SOMERS TOWN

Un film de Shane Meadows

Une comédie tendre et sans prétentions

Tout juste sorti de son foyer d'accueil, Tommo, 16 ans, fuit les Midlands pour se rendre à Londres. Marek, lui, vit avec son père, un ouvrier du bâtiment polonais porté sur la bouteille. Timide et sensible, le jeune Marek est passionné de photo et se sent mal à l'aise dans l'univers de son père. La rencontre inopinée de ces deux garçons un peu paumés dans le quartier de Somers Town à Londres les conduira à former une drôle d'alliance...

Le nouveau film de Shane Meadows est une comédie tendre et sans prétentions qui ravira ceux que les superproductions holywoodiennes font saturer. L'histoire est simple et l'argument vite compréhensible: la grisaille du quotidien et des conditions sociales précaires n'empêchent pas une amitié de naître et de défier les lois de l'ennui et d'un porte-monnaie presque toujours vide. Les situations ne sont pas toujours aussi dramatiques que l'on pourrait s'y attendre, à l'image d'un Ken Loach par exemple, car ici nos deux héros en culottes courtes se jouent des difficultés en laissant agir le franc-parler et la recherche constante d'amusement et de sensations, le bannissement du sérieux, en outre une recherche inconsciente du bonheur. Car leurs difficultés les obligent à vivre (et presque survivre) au jour le jour et donc à vivre dans le présent sans réfléchir aux conséquences. Et quand, enfin, un évènement - qu'on ne dévoilera pas - les marquera fortement, ils considèreront l'avenir sous un angle différent, car ils projetteront dans ce futur un but qu'ils s'efforceront d'atteindre par la persévérance et la patience, prenant ainsi leurs premières responsabilités de leur vie d'adulte en devenir.

Le film est doté d'un beau noir et blanc, astucieux, dont on comprendra - ou du moins interprétera - l'utilisation à la fin. Il n'est pas seulement un bel effet de style mais évoque celui qu'ont pu utiliser un Jim Jarmush ou un Woody Allen, ou comment rajouter une pointe de nostalgie, l'impression d'une époque révolue dans un temps actuel. On notera la présence de Thomas Turgoose, déjà présent dans « This is England », et confirmant ici que sa collaboration avec le cinéaste Shane Meadows fonctionne toujours à merveille (le tandem acteur ado / cinéaste adulte fait penser au Léaud / Truffaut des « Quatre cents coups »).

Au final, tout ce qu'on reprochera au film est sa brièveté: une heure dix seulement. Mais n'est-ce pas la définition même du bonheur: non pas un état constant mais des instant furtifs qu'il faut savoir saisir au bon moment ? Alors, qu'on se le dise: la sensation de bonheur furtif s'appelle « Somers Town » et le bon moment à saisir, c'est à partir du 29 juillet 2009 !

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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