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TAMARA VOL.2

Baisse de régime

Tamara et sa meilleure copine rejoignent toutes les deux Paris pour poursuivre leurs études. Célibataires, elles recherchent une collocation pour être hébergées à moindre frais. Après une expérience calamiteuse, elles se tournent vers leur pote Wagner, mais le quatrième colocataire se révélera être Diego, l’ex de Tamara…

"Tamara", adapté de la bande dessinée éponyme, avait connu un joli succès en salles. Le réalisateur a eu de la suite dans les idées, et a construit un nouveau scénario d’après les bandes dessinées de la jeune héroïne un peu boulotte. La jeune fille quitte enfin la province pour gagner la capitale. Partie avec Sam sa copine de lycée, elle vont retrouver un ancien camarade de classe et surtout le beau Diego avec qui Tamara a rompu depuis deux ans et qui, pour sa part, vit une idylle avec une jeune nageuse. Déjà que pour le premier film l’histoire des rondeurs avait fait couler pas mal d’encre, il est probable que les fans de la première heure aient une nouvelle fois le bec dans l’eau avec ce "Vol.2". Les formes généreuses de Tamara ne sont plus vraiment à l’ordre du jour. Ce n’est même plus le sujet, place aux réseaux sociaux.

En effet, Instagram et le phénomène des influenceurs sont largement abordés. On apprend qu’Instagram est le réseau où tu ne dois pas mettre de selfie de toi en photo de profil sinon on va croire que t’as pas d’amis pour te le faire ! Tamara se lance corps et âme là-dedans pour les beaux yeux d’un garçon. Elle devient rapidement une influenceuse, une de ces stars du web, sans que l’on sache vraiment trop comment. Mais admettons. La voici propulsée dans ce monde qui fait apparemment rêver tant de jeunes. Elle participe à une soirée, est habillée par une marque qu’elle représente. On moque gentiment le réseau social avec des stories et des selfies ridicules, et on aborde sagement le problème d’isolement que cela engendre, via une dispute avec ses amis qu’elle ne voit plus et qu’elle écarte de sa vie. Tout cela reste bien édulcoré et en surface. Ce que Tamara aurait pu véhiculer comme message en raison de ses rondeurs – je m’accepte comme je suis – est écarté d’un revers de main. Le film surfe finalement sur l’effet de mode Instagram sans jamais vraiment avoir un avis dessus.

Ce qui avait fait le succès du premier volet résidait dans la manière de faire vivre les personnages secondaires autour de Tamara. Diego, sa meilleure copine, la petite sœur, sa mère et son copain faisaient des numéros d’acteur à jeu égal avec le personnage principal. Dans cette suite, exit Jelilah la meilleure copine (Oulaya Amamra a depuis eu un César pour "Divines"), mais sa remplaçante Sam (Noémie Chicheportiche) tient la corde face à Tamara. C’est le personnage le plus carré et cohérent de l’histoire. Diego, quant à lui, déploie suffisamment de charme et de folie pour que l’on s’attache à lui, à ses coups de cœur et à ses coups de blues. En revanche, les histoires développées pour la famille de Tamara coulent à pic au fond de la piscine. Cette demande en mariage qui patine pour le beau-père, ce cordon que la mère n’arrive pas à couper avec sa fille et cette pseudo-histoire de petit copain sur Internet pour la petite sœur sont successivement molles, sans inspiration et inutiles. Seuls deux personnages secondaires amusent la galerie : celui de la voisine, toujours interprété par l’excellente Blanche Gardin, et un petit nouveau, le colocataire artiste de rue incarné par Oussama Kheddam (déjà vu dans "La Colle" du même réalisateur).

Mais, entre amuser la galerie et faire pleurer de rire, il y a un fossé que le film ne comblera jamais. Globalement, les scénaristes se sont mis au régime des bonnes idées. L’esprit de la BD est moins affirmé, les punchlines inexistantes, les clins d’œil à la carrière de la chanteuse Annie Cordy tout comme son petit rôle dans le film sont purement décoratifs, la scène de la danse à Deauville entre Tamara et Diego n’atteint pas les sommets de leur premier baiser intergalactique et toute la magie du Vol.1 est aux abonnés absents, rendant cette suite bien fade. Peu de chance qu’un troisième épisode voit le jour.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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