JAMAIS DE LA VIE
Fausse promesse
Le début du film était plutôt prometteur. Posant les contours du personnage principal, un homme en situation précaire, espérant une autre vie, Pierre Jolivet nous laissait espérer une alliance de film social et de thriller dont il a le secret (« Ma petite entreprise »). Entre son inclinaison pour l'alcool, sa droiture avec ses collègues, son attitude plutôt cool avec les jeunes squatteurs ou son habitude de voler quelques petites choses en douce, cet homme semblait prédisposé à exploser en route. Et le choix d'Olivier Gourmet pour l'incarner paraissait des plus judicieux pour mieux exposer son futur cas de conscience, entre vie rangée et voué à l'exploitation, et rébellion aux accents soit chevaleresques soit égoïstes.
Mais les allusions lourdes à son passé de syndicaliste, les dialogues trop signifiants ("t"es trop hardcore") lors de la plaisanterie sur le chien, la soirée dans « l'autre monde » inaccessible, et surtout l'explication lourdingue avec l'éboueur bourré, ne servent pas le film. Si Jolivet a des messages à faire passer sur l'état de la société actuel, ou les différences de richesse, il n'y va pas avec le dos de la cuillère et finit par desservir sa cause. Et les dialogues du type "dans l'entreprise ou dans la rue, y'aura toujours des salauds pour baiser la gueule des autres" paraissent au final trop explicites et faciles pour provoquer l'adhésion. Restent les quelques scènes avec la conseillère de Pôle emploi, aussi empêtrée dans les emmerdes que les autres. De jolis et dramatiques moments, qui sonnent plus juste que tout le reste du film, en visant le bon objectif : dénoncer un système qui organise l'exclusion et la précarité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur