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L'AMOUR A SES RAISONS

Un film de Giovanni Veronesi

Un film à sketchs… inégal

Trois histoires d’amour à différents âges de la vie : la jeunesse, la maturité et l’âge de raison...

Le film à sketchs a toujours été un genre issu de la tradition cinématographique italienne. Souvenons-nous donc de « Boccace 70 » de Mario Monicelli, Federico Fellini, Luchino Visconti et Vittorio De Sica en 1962, de « Les Monstres » de Dino Risi en 1963, de « Ces messieurs dames » de Pietro Germi en 1966 ou encore, un peu plus tard, en 1973 de « Moi, la femme » de nouveau de Dino Risi avec l’irrésistible Monica Vitti. Aujourd’hui, Giovanni Veronesi a repris le flambeau et « L’amour a ses raisons… » est en fait le troisième « Manuale d’Amore » (dans son titre original) qu’il nous propose en l’espace de cinq ans. Avec ici un atout de poids : la présence de Robert De Niro dans l’un des segments du métrage. Mais pour le voir tomber sous le charme de la toujours sublime Monica Bellucci, il nous faudra patienter le temps de deux autres histoires, l’une un peu longuette et anecdotique, l’autre (la meilleure) totalement farfelue et faisant foi d’une drôlerie qui nous rappelle effectivement l’âge d’or de la comédie italienne.

Le premier segment, « La jeunesse », traite de la difficulté de l’engagement amoureux et du passage à l’âge adulte. Roberto un jeune avocat envoyé en mission dans un petit village Toscan y voit tous ses projets sentimentaux remis en cause par sa rencontre avec une provocante jeune femme. De plus, les facétieux habitants du village le ramènent, par leur insouciance et leur joie de vivre, à l’époque de son adolescence, ce qui va le faire hésiter à effectuer « le grand saut ». Malgré son côté autobiographique, qui en fait le sketch le plus sincère du métrage, on a du mal à se passionner pour les aventures de Ricardo, la mise en scène ayant du mal à retranscrire le coté nostalgique de l’expérience. Du coup, bien qu’universel par son sujet, cette « jeunesse amoureuse » nous semble un peu vaine et on compte les minutes qui nous séparent de la seconde histoire, beaucoup plus fantasque mais ô combien plus jubilatoire.

« La Maturité » s’intéresse à l’histoire abracadabrante d’un présentateur de journal télévisé, marié depuis plus de 25 ans et qui, le temps d’une rencontre avec une bipolaire nymphomane, va vivre un trip « Liaison fatale » cauchemardesque. On retrouve ici avec bonheur la folie de la comédie italienne, qui a malheureusement désertée les écrans depuis plus de vingt ans maintenant, et on se régale des aventures atroces de cet homme banal dont la vie va soudainement suivre une logique désastreuse. Les comédiens en font des tonnes (l’acteur-réalisateur Carlo Verdone en tête) et on ne s’en plaindra pas, tellement tout cela a quelque chose de jouissif. En fait, ce chapitre, c’est un peu l’anti Judd Apatow (différence d’âge des protagonistes, préoccupations contradictoires) mais avec le même caractère comique dévastateur.

Enfin, « L’Age de raison » qui marque l’entrée de Robert De Niro dans la comédie italienne, nous dit que l’amour n’a pas d’âge et que tout peut arriver alors même qu’on n’attend plus rien. C’est un véritable message d’espoir que l’histoire de cet homme âgé qui a subi une transplantation du cœur et qui va tomber amoureux de la fille de son vieil ami, le concierge de l’immeuble dans lequel il vit. Ici, pas de pathos, mais une vision de l’amour pleine de tendresse, comme dans cette scène mémorable dans laquelle Robert De Niro semble prendre la place de Sofia Loren qui, presque cinquante ans plus tôt, effectuait un strip-tease d’anthologie sous la caméra de Vittorio De Sica dans « Hier, aujourd’hui et demain ». Avec cette scène magnifique, Giovanni Veronesi clôt son métrage avec une belle douceur, qui nous fait regretter le semi-ratage de son premier sketch.

Christophe HachezEnvoyer un message au rédacteur

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