BRICK MANSIONS
C’est fou, l’efficacité d’une photocopieuse…
Les usines Luc Besson, on devine de plus en plus comment elles tournent quand il s’agit de persister dans le film d’action : une bonne dose de clichés raciaux sur les banlieues, des dialogues mal écrits qui sonnent toujours faux, une caractérisation des personnages bâclée, quelques acteurs limités à trois expressions faciales, un montage sous caféine, un quelconque technicien du coin catapulté en tant qu’homme à tout faire (voire en tant que réalisateur...), sans oublier un script torché par Luc-La-Main-Froide en moins de temps qu’il n’en faut à un employé de McDonalds pour préparer un Big Mac. Le plus drôle, c’est que, film après film, les responsables de cette machine opportuniste vouée au culte du racolage le plus agaçant n’essaient même pas de dissimuler ce que l'on pourrait prendre pour de la fainéantise. Et dans le cas de "Brick Mansions", le choc est considérable, parce qu'ici, un nouveau stade semble atteint.
Difficile de savoir si Luc Besson était particulièrement fatigué, mais dans le cas présent, il a trouvé l’idée la plus simple. Dans une logique de faire lorgner le mode de production français sur les méthodes bassement mercantiles des studios américains, il ne lui manquait plus que de se lancer dans le remake de ses propres scénarios, sans trop les modifier, en intégrant des ingrédients américains ici et là (le lieu de l’action et une star US sur l’affiche) pour faciliter l’exportation à l’étranger. Du coup, l'on décalque sans vergogne dans sa quasi intégralité le script du déjà bien débile "Banlieue 13" (scènes et dialogues compris), avec autant de négligence qu’en essayant de transformer "Taxi" et "Le Transporteur" en séries télévisées pour la petite lucarne (on a vu ce que ça donnait). Comme quoi, après autant de contre-performances au box-office hexagonal, la rentabilité de la maison EuropaCorp réside peut-être dans l’usage de la photocopieuse.
Autant dire que face à un décalque aussi malhonnête, échappant à toute notion d’originalité ou d’implication émotionnelle de son spectateur, notre tolérance à l’arnaque en prend un sacré coup. Les seuls ajouts perceptibles se limitent ici à remplacer Cyril Raffaelli par le regretté Paul Walker, histoire de créer un poil de tension supplémentaire dans son tandem avec David Belle (ça fait un acrobate du parkour en moins… et c’est tout), ou à épicer le quota de méchants caricaturaux par l’ajout d’une garce SM toujours prompte à remuer les fesses comme si elle faisait le trottoir, à sortir le rictus au coin du rouge à lèvres ou à tripoter vicieusement l’héroïne comme n’importe quel stéréotype de série Z. Sans compter la négligence de la mise en scène à investir pleinement le cadre de la ville de Detroit, surtout quand on connaît la situation aujourd’hui précaire de cet ancien fleuron de l’industrie automobile. Cela dit, il y a ici une Mustang flambant neuve qui subit moult dégâts lors des poursuites en caisse. Peut-être est-ce un signe caché ou une métaphore discrète, après tout… Que dire de plus ? Euh rien.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur