GEOSTORM
En effet, on ne peut pas tout contrôler…
Un ambitieux réseau de satellites a été conçu au cours d’une forte coopération entre Etats afin de contrôler les moindres variations climatiques sur la planète. Un jour, le dispositif se dérègle brutalement et applique une gigantesque géo-tempête sur de nombreux pays. Est-ce un bug ? Ou est-ce un complot ?
La question posée en fin de synopsis appelle bien sûr une réponse tout ce qu’il y a de plus prévisible, alors mieux vaut ne pas trop s’y attarder. Mieux vaut également ne pas trop s’attarder sur un scénario-catastrophe comme peuvent en pondre une poignée de scénaristes pas très motivés. Mieux vaut enfin ne pas croire que plus de vingt ans après le méga-carton d’"Independence Day", le concept d’un danger à échelle planétaire vise à autre chose que de faire péter le quota de buildings effondrés, de bagnoles volantes, d’effets spéciaux démesurés et de dramaturgie néantisée. Avec "Geostorm", non pas réalisé par ce grand malade de Roland Emmerich mais par son complice de toujours (le producteur Dean Devlin), on se retrouve pile poil dans la lignée du récent – et très oubliable – "San Andreas". Soit un gloubi-boulga d’effets spéciaux numériques d’une effarante laideur, coincé entre des théories conspirationnistes déjà passées de mode depuis la déchéance des thrillers post-Guerre Froide et des problématiques familiales plus neuneu tu meurs (ici un couple qui veut se solidifier, là une famille qui doit se reconstruire). Le tout avec un humour qui n’aide pas à enrichir tel ou tel personnage, mais qui fera les beaux jours d’une classe de CE1 en matière de grosse rigolade – la bande-annonce devrait déjà vous en donner un joli aperçu.
Dès lors, l’affaire est simple : soit on débranche ses neurones et on se laisse aller à une détente pépère de deux heures, soit on prend le truc au sérieux et ça devient une exaspérante perte de temps. Reste un cas qui mérite d’être relevé : il aura fallu presque deux ans pour que ce film sorte en salles. Recenser l’intégralité des galères rencontrées par ce mammouth à 120 patates a tout du chemin de croix : sortie annoncée en mars 2016 (vite annulée pour y caser "Batman V Superman") puis repoussée en octobre 2016 (date de nouveau annulée), sans parler de terribles problèmes de post-production (61 semaines au total !) qui auront contraint la Warner à retourner plus de la moitié du film avec Jerry Bruckheimer et à changer d’équipe technique par deux fois. Et le choix d’une sortie internationale en catimini – un indicateur qui ne trompe pas pour les projets envoyés au casse-pipe sans promotion – veut tout dire. Cela explique en partie le fait que le scénario de "Geostorm", déjà bien bêta à la base, enquille tous les stéréotypes inhérents au film catastrophe sans prendre la peine de les relier dans un ensemble cohérent. Et quand on voit à quelle soupe sont mangés aujourd’hui ces stéréotypes (en l’état déjà vieux de plus de 20 ans), on se dit tout bêtement qu’un tel nanar a tout du projet anachronique qui se veut une mise en abyme involontaire de son sujet : il nous prouve à quel point il y a un pépin dans notre monde. Cela ne sauve pas le film, mais au moins, ça lui donne un semblant de raison d’exister.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur