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L'ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS

La chair, le sang et mon reflet dans ton miroir...

Dan Kristensen rentre tout juste de voyage. Sa femme a disparu. Dan enquête, plongeant peu à peu dans un cauchemar insondable...

Sortie il y a quatre ans, l’expérimental et sensoriel "Amer" avait révélé la vision unique et le fétichisme latin d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, couple de cinéastes pour qui le giallo, thriller italien dérivé des récits hitchcockiens, est plus qu’un genre culte pour amateur de cinéma bis. Second volet d’une officieuse trilogie « giallesque », "L’Étrange couleur des larmes de ton corps" (quel titre !) se situe donc dans la lignée de leur précédent film. La grosse différence est que cette fois-ci, les deux auteurs appliquent un traitement masculin à leur vision cinématographique, comme le souligne malicieusement l’inversion de leurs noms sur l’affiche…

Dès l’hypnotique générique de début, le spectateur averti (car il faut l’être, un peu, pour apprécier pleinement cette expérience) se retrouve plongé dans un univers angoissant et, une fois n’est pas coutume, éminemment sensoriel. Là où "Amer" usait des clichés du giallo pour montrer, en trois étapes distinctes, l’évolution du rapport d’une femme à son corps et à sa sexualité (dans une trinité enfance/adolescence/âge adulte), "L’Étrange couleur des larmes de ton corps" nous met dans la peau d’un homme en perdition, et dont l’appartement – et l’immeuble où il se situe – semble se transformer progressivement en un reflet férocement tordu de sa psyché troublée.

Peuplé de personnages étranges aux attitudes louches (la jolie sorcière du dernier étage, le propriétaire intrusif, le flic soupçonneux, jusqu’à ce squatteur qui vit dans les murs !), plein jusqu’au vertige d’images-clés héritées des grandes heures du cinéma de genre italien (le paon au plumage de cristal de Dario Argento fait même une apparition), le film de Forzani et Cattet scrute vers le cinéma de Roman Polanski, "Le Locataire" en tête, et de Satoshi Kon (on pense beaucoup à "Perfect Blue"), tout en emmenant son public dans un déluge de couleurs saturées, de sons stridents, de formes vénéneuses et de meurtres bien sadiques. L’expérience est éreintante, c’est clair, et tout comme "Amer", en laissera plus d’un sur le carreau. Mais à l’heure où le cinéma fantastique en général, et horrifique en particulier, peine à se renouveler, la proposition radicale des ces satanés trublions que sont Hélène Cattet et Bruno Forzani fait plaisir. Mieux, elle impose leur voix. Autant dire qu’on sera présent au prochain film !

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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