HORS CONTRÔLE
Un mariage trop imparfait
L’impression était déjà dans l’air du temps depuis plusieurs années, et le fait de découvrir "Hors contrôle" après s’être farci une semaine plus tôt le minable "Bad Moms" ne fait que confirmer la tendance : non, Hollywood n’est pas tant que ça devenu une usine à comédies transgressives. Si l’on excepte une poignée de claques qui s’ingéniaient à saccager tout ce que l’American way of life pouvait avoir de consensuel (mettons les délires de Will Ferrell et de Sacha Baron Cohen en tête de liste), le reste des productions se contentait surtout d’user de la trashitude comme d’un prétexte pour pouvoir servir les intérêts de scénarios plus puritains et conservateurs qu’ils n’en avaient l’air (avec la bonne morale à deux balles en guise de fin). "Hors contrôle" se rajoute d’entrée à la liste par une propension à exploiter son pitch de départ (plutôt bon) à des fins de comédie romantique à peine plus zinzin qu’une autre.
D’un concept qui sentait fort le saccage réciproque des mariages à très gros budget et des valeurs bourgeoises auto-suffisantes, le réalisateur se contente ici d’aligner des scènes trash qu’une dose de vulgarité poussive tente de faire passer pour des summums de transgression. On aura donc droit à un trip sous ecstasy à poil dans une étable, à une séance de broute-minou dans un hammam, à une tronche repassée au pneu de quad, ainsi qu’au massage érotique le plus improbable jamais vu sur un écran. Le tout entrecoupé de bavardages vaseux qui, pour paraître moins creux, ont été « enrichis » d’un grand nombre de dialogues sur le cinéma, du genre « T’as vu "Point Break" ? » ou « Oh j’ai adoré "The Truman Show" » sans oublier « Je me souviens quand j’ai vu "Les Tortues Ninja" » et un jeu de récitation des dialogues de "Jurassic Park" (logique, le film a été tourné à Hawaï). En l’état, c’est juste pathétique… même si on décoche parfois un ou deux sourires un peu forcés.
Les acteurs ne font même pas l’effort de donner de leur personne pour rendre leurs personnages moins schématiques. Face à une Aubrey Plaza visiblement abonnée à vie aux rôles d’allumeuses vulgaires et une Anna Kendrick qui passe les trois quarts du film à regarder une vidéo de mariage où elle se fait larguer devant l’autel, les deux frères joués par Zack Efron et Adam Devine ressemblent moins à des adultes immatures qu’à des gosses de huit ans d’âge mental. Le bilan est donc fatal : de l'humour trash non allégé en matière grasse et un quatuor de personnages allégés en matière grise. On se croirait revenu à la maternelle. Et sachant que la phrase qui revient le plus souvent ici est « Est-ce que vous allez la fermer ?!? », on se dit que c’est bien là la seule bonne idée que les scénaristes ont pu avoir, et qu'on aurait aimé que leurs personnages s'exécutent.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur