Festival Que du feu 2024 encart

MONSIEUR SCHMIDT

Un film de Alexander Payne

Portrait au vitriol d'un retraité amer

Tout frais retraité, Monsieur Schmidt (Jack Nicholson) découvre le désœuvrement et décide de parrainer un petit Africain. Alors que sa fille (Hope Davis) s'apprête à se marier avec un gendre qu'il n'apprécie guère (Dermot Mulroney), il perd sa femme…

Après avoir joué les retraités qui perdent pied dans l'excellent "The Pledge" de Sean Penn, Jack Nicholson remet le couvert cette année en interprétant Monsieur Schmidt, homme d'apparence satisfait, qui masque amertume et vide affectif. L'habile scénario nous présente d'abord la surface lisse et résignée du personnage, qui dévoile peu à peu sa hargne intérieure. L'ingénieux prétexte des lettres accompagnant ses chèques à son affamé de filleul africain, nous donne à voir sa recherche désespérée d'un sens à sa vie, et sa médiocrité intellectuelle (il pense que le petit de 6 ans va lui-même décider des achats à faire avec son argent) !

Toute sa vie il ne s'est intéressé réellement à personne, et se retrouve donc seul, alors qu'abondamment entouré. A la critique d'une société individualiste, le réalisateur ajoute une peinture effrayante et culottée de l'Amérique profonde. Dermot Mulroney, grimé à souhait (cheveux long sur l'arrière, inexistants sur l'avant), caricature le beauf ambitieux, courant après un rêve américain qui n'est visiblement pas pour lui. Kathy Bates joue les divorcées volontaires et entreprenantes, à la fois maternelle et grossière. Quant à Nicholson, il est tout simplement magistral et bouleversant. A découvrir avant les Oscars, qui pourraient bien le consacrer une nouvelle fois.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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