ÂMES EN STOCK
Sans âme ni couleur
Paul Giamatti, acteur américain proche de la quarantaine, est troublé par son existence actuelle caractérisée par un manque de sens et de but. Le cœur lourd et le passé persécuteur, il décide alors de se faire extraire son âme comme on extrairait les amygdales, se libérant ainsi d’un poids devenu impossible à gérer…
Que dire, que dire ? Ce film est une "force restreinte", un "désir ennuyeux". Alors avant de rentrer dans le détails voici globalement les deux thèmes abordés dans le film (trois si on retire le thème de l'âme et de sa manipulation qui n'est en fait ici qu'un prétexte ou un simple outil). Le premier est la place de l'homme (et je dis bien de l'homme et non de l'Homme) dans la société : le rapport avec l'épouse, l'enfant (sa vie de famille en générale) mais également par rapport au travail et à son épanouissement. Suis-je en ligne avec tout cela? Le deuxième, plus subtil est celui du bilan : à 50 ans, peut-on se retourner et admirer par dessus son épaule tout une vie d'accomplissement ?
Alors le film nous répond de la manière suivante. Maladroitement mais généreusement, mais il souffre de linéarité et donc de monotonie. Paul Giamatti dans son propre rôle est plutôt doué, l'expression du sentiment est bon: il souffre de solitude intérieure et le spectateur partage cela avec lui. Mais sa quête de l'âme parfaite aurait du le faire voyager à différents états, différents ressentis : mais non, au lieu de cela, qu'il soit poète, acteur ou "rien", cela n'est pas retranscrit par notre personnage ou presque pas (hormis peut être lors des moments où il joue sa pièce, à chaque fois d'une manière différente). Alors on se dit que Giamatti est capable de faire mieux. Mais comme muselé par un scénario égoïste, il s'attache à jouer d'un violon monocorde et parfois un peu faux.
D'un point de vue technique, la bande son est inexistante mais les prises de vues sont plutôt réussies dans le sens où on tend vers une ambiance médicale où Paul cherche à guérir son âme : lumière atténuée, aseptisée, peu de couleurs vives, tout cela colle avec l'ambiance souhaitée. Les autres acteurs sont à l'image du film, monochromes, ce qui finalement, risque de rendre le spectateur un rien narcoleptique. En bref la prestation de Paul Giamatti fait la force d'un film au scénario orignal et curieux, qui reste néanmoins à un stade de draft, un peu comme une planche de coloriage sans couleurs.
Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur