PEACE TO US IN OUR DREAMS
Nombriliste et soporifique
Une femme joue brillamment du violon devant une petite assemblée, brusquement elle se met à faire des couacs, s’arrête et commence à virevolter sur elle même comme une illuminée sans que personne ne réagisse, à l’exception du premier rang qui quitte la salle avec dédain. Une première scène qui donne le ton de ce film aux limites de l’expérimental dans le sens hermétique du terme. En effet, le film répond à tous les clichés du cinéma d’auteur rébarbatif. Une histoire sans grand relief, des scènes sans véritables dialogues dans sa première partie et des discussions existentielles interminables sur l’enfance et les difficultés à communiquer dans sa seconde partie.
Interprété par Sharunas Bartas lui-même, ainsi que par sa fille dans la vie, le film est comme souvent dans la filmographie du réalisateur, le reflet de sa vie personnelle. Ici, il joue le rôle d’un homme qui le temps d’un week-end à la campagne échange un peu avec sa nouvelle compagne violoniste, beaucoup avec sa fille et encore plus avec une amie de passage, qui lors de leur longue discussion laisse son ami seul dans la voiture. Parallèlement à cette trame principal, la fille rencontre le fils des voisins qui s’est enfuit de chez lui parce que son père boit et sa mère est dépressive.
Nul doute, le message sous-jacent concerne la filiation. Un thème certes honorable mais pourquoi l’aborder avec autant de froideur ? Que ce soit dans les échanges verbaux ou que ce soit par les souffrances du jeune voisin, aucun moment du film n’inspire une quelconque émotion. Au contraire on semble assister à un essai philosophique, qui pour justifier son propos sur les difficultés et les bienfaits de la communication familiale, prend appui sur une histoire sordide. Un film qui se veut élitiste mais qui au final procure beaucoup d’ennui tant sa construction et son propos sont soporifiques.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur