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IVAN TSAREVITCH ET LA PRINCESSE CHANGEANTE

Un film de Michel Ocelot

4 nouveaux contes enchanteurs

Quatre histoires inventées dans le fond d’un cinéma, par un projectionniste et ses compères, parlant de monstres, de magie, de trésor, et de convoitise…

Michel Ocelot n'a pas son pareil pour marier les couleurs, faire miroiter les motifs et à plats de peinture qui servent de fond à ses histoires souvent morales et pleines de malice. Après les succès de la trilogie de "Kirikou", celui des magnifiques "Contes de la nuit", le voici qui offre aujourd'hui une suite à "Princes et princesses", recueil de courts métrages façon ombres chinoises, où les silhouettes noires des personnages se déplacent sur des décors colorés éblouissants. Le principe est donc le même, un projectionniste, un garçon et une fille discutent dans le fond d'un cinéma désert, invente une histoire en explicitant brièvement ses influences (perses, russes...) et enfile des costumes (ici générés par une machine, qui les habille) avant de jouer un nouveau conte.

Et chaque histoire, il faut bien l'avouer, surprend, enchante et apporte son lot de doute ou d'émotion emprunte d'une douce morale propre à rassurer les enfants. La première, "La maîtresse des monstres" conte l'histoire d'un peuple pris au piège dans une grotte (dont la sortie est gardée par un monstre), incapable de boire ou de manger à cause de deux autres créatures qui gardent la source et la champs de champignons. Heureusement, une petite fille, aidée par un rat, va découvrir qu'elle est capable d'affronter ces créatures. Une belle parabole sur le courage, l'existence des « monstres » aussi dans la vraie vie, et la nécessité d'aller de l'avant car « le bonheur est derrière la porte ». Un film au fond marbré façon aquarelle, où le noir est omniprésent, mais qui s'ouvre sur la fin sur un monde extérieur beaucoup plus coloré.

Dans "Le pont du petit cordonnier" l'histoire de trésor rêvé situé au pied d'une statue du Pont Charles de Prague, est surtout prétexte à souligner l'illusion d'un bonheur qui serait toujours ailleurs. On admirera le parallèle entre l'harmonie des couleurs chatoyantes des pommes, et celle plus tard des diamants découverts. Le court métrage suivant, "L'écolier sorcier", constitue une belle fable, aux inspirations perses (motifs de tapis entremêlés dans la grotte ou le palais...). Avec un jeune homme qui devient apprenti d'un sorcier aux velléités pas si nettes, il joue sur le comique de répétition, au travers des transformations ratées du personnage (en divers animaux notamment).

Enfin, le recueil se clôt avec le film qui donne son titre au programme, "Ivan Tsarevitch et la princesse changeant", et qui fait figure de film le plus aboutit. D'abord parce qu'il bénéficie d'une construction en « ricochet », construite puis déconstruite, ensuite parce qu'il parle d'amour filial, puis adulte, mais aussi d'honnêteté et de cupidité. On y suit ainsi un jeune homme, qui pour soigner son père, va tâcher de dérober successivement divers objets à des Tsars peu partageurs, jusqu'à devoir voler une princesse connue pour rendre fous ses prétendants. Récit de malédiction, travail de dentelle sur les ombres du mobilier ou de l'architecture, il s'agit là d'un vrai voyage, qui referme en beauté ce second recueil de contes en silhouettes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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