MA MEILLEURE AMIE
Un film qui manque de finesse pour pouvoir transmettre son émotion
Catherine Hardwicke avait fait des débuts remarqués dans le cinéma avec "Thirteen", une chronique brutale sur les désillusions perdues de deux adolescentes sombrant progressivement dans les dérives de l’âge. Alors que certains l’érigeaient en héritière de Larry Clark, mouvance confirmée par son deuxième film, "Les Seigneurs de Dogtown" qui traitait du monde du skateboard dont le cinéaste américain s’était déjà emparé, la suite de sa carrière laisse bien plus perplexe, en attestent "Le Petit chaperon rouge" ou le premier volet de "Twilight". C’est donc avec une certaine appréhension que l’on découvrait "Ma meilleure amie", soit le quotidien de deux jeunes femmes inséparables à une étape charnière de leur existence. Si l’une nage dans le bonheur et espère avoir un enfant, l’autre découvre qu’un cancer ronge progressivement son corps.
De ce postulat larmoyant, Catherine Hardwicke n’en retient malheureusement que les effluves dramatiques, agrémentant son récit de scènes très appuyées et académiques. Avec sa musique sirupeuse et son esthétique douteuse (les gros plans, les séquences volontairement désaxées, les filtres de couleur), le métrage frôle même le mauvais goût. Et derrière ce gros « tartinage » mielleux de bons sentiments, difficile d’entrevoir la performance, pourtant grande, des deux actrices. Toni Collette a donné de sa personne, a perdu du poids, s’est même rasée la tête… Et pourtant, rien ne marche, tout sonne faux dans ce drame archétypal de ce que le cinéma américain peut produire de plus mauvais lorsqu’il cherche à créer artificiellement des objets filmiques pour séduire les remettants de prix.
Mais si "Ma meilleure amie" est tellement une œuvre fade et insipide, c’est avant tout en raison de sa construction narrative. En cherchant à opposer les réalités de deux meilleures amies, la réalisatrice crée un antagonisme factice très peu crédible, comme s’il était impossible pour une même personne d’être heureuse pour certaines raisons et triste pour d’autres. Surtout, les rebondissements scénaristiques ne font qu’ensevelir le film sous des profondeurs de niaiseries, incapables d’insuffler un quelconque rythme à l’ensemble. Catherine Hardwicke peut grandement remercier ses deux comédiennes, car sans elles, le résultat, en plus d’être raté, aurait pu être gênant.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur