DARK RIVER
Deux interprètes impeccables au cœur d’un drame familial crépusculaire
Clio Barnard, réalisatrice du "Géant égoïste", revient derrière la caméra avec un film âpre, dont l’action se situe dans le milieu rural du Yorkshire. Mettant face à face une sœur plus âgée et son frère, qu’elle a laissé derrière elle avec son père quelques 15 ans plus tôt, la metteuse en scène britannique parvient à créer une réelle tension, grâce à la révélation rapide du motif de ce départ, à l’insertion intelligente et opportune des flash-backs liés à cela, et surtout au jeu saisissant des deux interprètes principaux.
Ruth Wilson (vue dans "Locke" et dans les séries "Luther" et "The Affair") est tout juste épatante dans le rôle de cette femme marquée par la vie, hantée par son passé et l’image d’un père que les lieux lui rappellent sans cesse. Quant à Mark Stanley ("Game of Thrones", "Mr Turner"), il est désarmant de solitude, apparaissant en permanence comme divisé entre sa rancœur et l’amour fraternel qui persiste malgré tout. Au milieu d’une ferme en pleine déliquescence, l’amour de la terre et des animaux est parfaitement rendu, le scénario dépeignant un contexte social alarmant, résonnant comme la fin d’un monde. Brut dans son approche des gens, subtil dans sa peinture de traumatismes indélébiles, "Dark river" réussit sans peine à émouvoir.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur