L'ORANAIS
Fresque poignante sous fond de guerre d'Algérie
Six ans après « Mascarades », son réjouissant premier long-métrage, Lyes Salem revient devant et derrière la caméra et autant dire qu’il a pris de la bouteille. Sur fond de guerre d’Algérie, mais prenant place surtout pendant les décennies qui suivirent, cette histoire d’amitié est animée d’un véritable souffle épique. Les deux personnages, Hamid et Djaffar, sont bien sûr antagonistes et leurs convictions morales et politiques seront mises à l’épreuve : le premier devient ministre, tandis que le second, héros national surnommé « L'Oranais », aura de plus en plus de mal à comprendre et à soutenir les choix de son ami.
Sans se départir d’un sens du burlesque qu’il maîtrise admirablement, Lyes Salem prend son sujet au sérieux et ose mettre en lumière des situations sensibles, à l’image d’une Algérie dont l’indépendance fraîchement acquise n’occulte pas la fragilité et les défaillances. Mais surtout, en plus d’être un conteur-né, le cinéaste nous offre de grands moments de cinéma. Quand son personnage assiste à un spectacle le mettant en scène et voit sa vie littéralement se dérouler devant ses yeux, l’émotion est palpable. Dans une scène finale bouleversante de simplicité, clôturant une œuvre grandiose, Lyes Salem se révèle être un cinéaste et un acteur accompli, malheureusement trop rare sur grand écran.
Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur